Après la récente destruction des bâtiments de l’ancienne gendarmerie, il convient d’en retracer l’historique.
La décision d’installer une gendarmerie à Bournezeau a été prise le 3 février 1839 par le ministre de la guerre. Il s’agissait de mettre sur pied une brigade de gendarmerie à cheval.
Cela veut-il dire qu’il n’y avait aucune autorité de surveillance depuis la Révolution à Bournezeau ? Nous ne le savons pas exactement. Les registres d’état-civil nous indiquent la présence de plusieurs gendarmes demeurant dans la commune avant 1839. Étaient-ils en fonction à Bournezeau ? Les différentes archives en notre possession ne nous permettent pas de savoir s’il existait une gendarmerie ou un simple bureau de gendarmerie avant 1839…
L’installation de la brigade à cheval nécessite de trouver un emplacement
approprié. Monsieur Jérôme
Le bail est signé le 1er mars 1839 pour 9 ans. La jouissance des locaux par les gendarmes est prévue à partir du 1er septembre 1839. Cette date constitue l’acte de naissance de l’implantation de la gendarmerie sur notre commune, à un emplacement qui ne bougera pas pendant toute son histoire.
Voici la description de la gendarmerie dressée lors de la signature du bail de 1839 :
“5 chambres à feu au rez-de-chaussée, avec grenier au-dessus ; un cabinet avec alcôve ; une petite cave ; une chambre de sûreté ; un bûcher ; un puits ; une latrine ; une cour ; un jardin de 45 toises de longueur sur 9 de largeur (87m x 17m); une écurie dans laquelle il y aura 6 (stalles) de 5 pieds de largeur(1,62m) et au-dessus un magasin à paille ; à côté un beau bâtiment pouvant contenir 30 milliers de foin ; un beau grenier à avoine et une sellerie.”
Tout semble aller pour le mieux. Mais, après 13 ans d’occupation, l’état de la gendarmerie se dégrade.
Commence alors à partir de 1852 toute une correspondance entre les
protagonistes : le propriétaire, M.
La première lettre connue est datée du 29 juin 1852. Le préfet écrit au
maire, Charles
M. L
Le préfet demande alors au capitaine de gendarmerie un descriptif des réparations et améliorations à entreprendre.
Le 16 août 1852, Jérôme L
M. L
Il s’engage à en faire d’autres :
-Aménager un bureau pour le chef de brigade ;
-Construire une buanderie ;
-Agrandir et assainir les magasins ;
-Faire disparaître les lieux d’aisance et en créer d’autres pour chaque
sexe ;
-Agrandir la sellerie ;
-Faire réparer le plancher du magasin situé au-dessus de l’écurie qui
devra être réparée et pavée ;
-Placer un tuyau de conduite à chaque logement pour les eaux des
éviers ;
-Pratiquer un ruisseau dans la cour.
Devant l’ampleur de la tâche, Jérôme L
M. L
Malgré ces péripéties et certainement faute de mieux, le préfet demande,
le 9 avril 1863, au maire de Bournezeau si M. L
Jérôme L
Dès qu’il prend connaissance de ces exigences, M. L
Mais voilà que la gendarmerie impériale réclame le 15 septembre 1863 d’autres réparations :
“Il pleut dans les logements et dans les magasins à fourrage et à avoine. Le propriétaire prétend attendre le bail pour faire ces réparations. Comme l’entretien des toitures est indépendant des réparations stipulées dans le bail, j’ai écrit au propriétaire de vouloir bien faire boucher les gouttières. Je vous prierai, M. le préfet, de lui en donner l’ordre”.
Elle demande également à M. L
Finalement le bail est renouvelé le 2 décembre 1863. Le montant du loyer
est fixé à 700 francs par an. M. L
Jusqu’en 1868, il ne sera plus question, à notre connaissance, de réparations, ni autres réclamations.
Il est également à noter que Jérôme L
Les gendarmes jugent ces plaintes ridicules mais assurent que M.
Nous ignorons comment se termine l’affaire. A priori le puits sa été creusé sans augmentation du loyer.
Nous retrouvons les protagonistes en avril 1872.
Il estime le total des travaux à 4000 francs.Prudent, le préfet demande le 12 juillet 1872 à l’architecte du département de se rendre à la caserne de Bournezeau pour faire lui-même l’estimation des travaux.
Le 14 juillet, l’architecte rend sa copie au préfet : il estime les travaux à 3150 francs.
Le 28 juillet, tout le monde tombe d’accord : le loyer passe de 700 à 850 francs par an.
Entre-temps, le 12 juillet, le préfet écrit au maire de Bournezeau pour lui dire qu’il n’est pas informé officiellement de la délocalisation de la caserne. Le maire avait précédemment fait connaître son désir de voir la caserne de Bournezeau maintenue. Il y avait donc à cette époque une volonté politique de délocaliser des gendarmeries. Quoi qu’il en soit elle n’aboutira pas, du moins à Bournezeau.
Neuf ans plus tard, un nouveau bail est signé entre le préfet et M.
Un nouveau bail de 12 ans est signé en 1891 avec un loyer de 1200 francs
par an. Là encore des travaux sont à faire à la charge de M.
Le 1er janvier 1903 le bail est renouvelé entre le préfet et
le nouveau propriétaire, M. Jules N
La gendarmerie change de visage à cette période. Les bâtiments contenant les logements sont modifiés. Des caves doivent être creusées sous tout le rez-de-chaussée. Une seule le sera car elle sera envahie par l’eau.
En 1907, une mesure ministérielle va marquer l’histoire de la gendarmerie de Bournezeau. En effet, le ministre de la guerre prend la décision de permuter la brigade de gendarmerie à cheval de Bournezeau avec la brigade à pied de Ploemeur (Morbihan).
La municipalité proteste en juillet 1907. La caserne, restaurée en 1903, comporte le confort nécessaire pour une brigade à cheval. Celle à pied nécessite moins d’hommes (1 brigadier et 3 gendarmes)… sans parler de la suppression des chevaux. D’après la municipalité de Bournezeau, le loyer d’une brigade à pied se monte à 900 francs par an alors que le département doit débourser 1250 francs pendant encore 21 ans, d’où une perte d’argent importante pour le département. Rien n’y fait, les chevaux doivent quitter la gendarmerie.
Un autre événement ponctue l’histoire de la gendarmerie. En 1920, la
commune de Bournezeau achète les bâtiments et le jardin de la gendarmerie
à M. R
La commune prendra possession des lieux le 1er juillet 1920.Cette même année, le 15 octobre, le préfet accorde à la commune 300 francs pour l’aider à payer les travaux de réparations des bâtiments de la caserne.
Un an plus tard un conflit naît entre le maire, Louis R
Voici le compte-rendu de la délibération du Conseil daté du 27 novembre 1921 :
.“A la suite d’un incident dont il vient d’avoir connaissance, le maire expose qu’il a dû rompre toute relation avec le brigadier, (…) que les menaces que cet agent a proférées à son égard sont absolument intolérables. (..) Le conseil se solidarise avec la municipalité et ne veut plus, tout en reconnaissant l’utilité d’une brigade à Bournezeau, avoir aucun rapport avec le brigadier (…)”
Le conseil demande au préfet la mutation du brigadier, seule solution pour dénouer la crise.
Le 19 mars 1922, le préfet écrit au maire de Bournezeau
“(…) J’estime que le maire, en sa qualité de premier magistrat, doit avoir une autorité incontestée et reconnue de tous, et que c’est la mettre en échec que de la critiquer ou essayer de la diminuer. Je puis vous assurer que si de pareils incidents venaient à se reproduire, je n’hésiterais pas à intervenir pour faire respecter les prérogatives attachées au mandat que vous ont confié vos concitoyens”
Le brigadier a-t-il été remplacé ? Nous l’ignorons. Le soutien du préfet est néanmoins clair.
La vie de la caserne reprend avec les soucis du quotidien.
Ainsi, en juin 1922, les gendarmes se plaignent auprès du préfet à propos de la fosse d’aisance qui est pleine. Les gendarmes craignent pour leurs familles (une douzaine de personnes utilise les lieux d’aisance) à cause de l’odeur et du pullulement des mouches et des vers… sans compter que cela fait 3 mois que la brigade est privée de cabinets et que rien n’est fait.
“Tous en ont assez étant donné qu’on y est peu tranquille au jardin par suite d’un passage latéral et d’une route”.
La fosse sera finalement vidée le 1er septembre 1922.
Reprennent également les discussions sur l’augmentation du loyer.
Pour les 2 dernières années du bail (1926 et 1927), d’un commun accord, le loyer passe de 1250 francs à 2500 francs. Le maire avait écrit au préfet pour lui dire que la commune ne pouvait plus faire face aux dépenses d’entretien.
Le 3 avril 1927, le maire demande un loyer de 4500 francs par an pour le nouveau bail. En cas de refus, il menace de récupérer l’écurie et de construire un mur entre elle et la brigade.
Dans un souci de conciliation, la commune signe un nouveau bail
avec un loyer revu à 4000 francs par an et plusieurs travaux à
effectuer :
-Réparer la fosse d’aisance ou la remplacer par une fosse sceptique ;
-Réviser les toitures ;
-Reconstruire la cheminée de la cuisine d’un des logements ;
-Revoir la fermeture des portes et des fenêtres ;
-Remplacer les carreaux ou les planchers quand c’est nécessaire ;
-Peindre portes, fenêtres, volets ;
-Blanchir les cuisines et les chambres.
En 1937, dans le cadre d’un nouveau bail, la commune s’engage à dépenser 6000 francs pour l’aménagement d’un nouveau logement et diverses améliorations.
L’architecte chargé des plans et des devis s’appelle J. B. D
Le 18 décembre 1937, le Conseil désigne M. V
Ils s’achèvent le 28 mars 1939 en présence du maire.
En janvier 1941, la commune débloque une somme de 600 francs pour l’entretien de la caserne.
Le 19 août 1945, le conseil municipal fixe un loyer de 10 000 francs pour le nouveau bail qui doit prendre effet le 1er janvier 1946. Il s’engage à établir une chambre habitable dans le grenier pour le brigadier.
En 1955, il est décidé de construire un garage pour abriter l’automobile qui sera affectée prochainement à la brigade. Un crédit de cent mille francs est voté à cet effet. Bien évidemment il est demandé à l’administration départementale d’en tenir compte pour accorder une augmentation du loyer.
Sept ans plus tard, le 8 juillet 1962, le maire de Bournezeau annonce au conseil municipal “qu’il est fortement question de supprimer la brigade de gendarmerie de la commune”. A l’unanimité, le conseil proteste et demande au préfet d’intervenir pour que la brigade soit maintenue.
Elle ne sera finalement dissoute que le 30 décembre 1964, après une
dernière prise d’armes devant les locaux et en présence de plusieurs
personnalités politiques locales et militaires. Le capitaine de
gendarmerie sollicite une dernière fois le maire pour que 2 des gendarmes,
P
Des activités de la gendarmerie depuis 1839, il n’existe aucune trace écrite. Les archives étaient détruites au fur et à mesure.Bien évidemment, les gendarmes et leurs familles étaient intégrés au reste de la population.
Nous savons, par exemple, que dans les années 1930, les personnes mises
dans la chambre de sûreté ( ou prison) avaient droit à une soupe à
l’oignon préparée par l’hôtel de la Cloche d’Or, appartenant à la famille
Fonteneau et qui deviendra peu après le café E
Les gendarmes avaient pour mission de régler les problèmes relationnels
entre les habitants, de poursuivre les voleurs de poules et contrôler
différents trafics (plaques de vélo, transports, etc…)Un jour, le
propriétaire du café E
Un autre jour, pendant l’occupation, le père T
Après le départ des gendarmes, les bâtiments restent peu de temps
inoccupés : Lors du conseil du 14 novembre 1965, le maire fait part
d’une lettre des entreprises Émile K
Les bâtiments qui ont abrité la gendarmerie et représenté l’autorité et la loi sur notre commune pendant 125 ans ont été détruits en janvier 2006.