Une découverte dans le cimetière
de St-Vincent-Puymaufrais

En septembre 2007, un employé communal observe un petit trou derrière la croix du monument aux morts au milieu du cimetière de St Vincent- Puymaufrais. Très vite  il constate qu’il s’agit  d’une tombe qui est sur le point de s’effondrer complètement.

Aussitôt prévenu, le maire délégué, Abel Laurent , pense de suite qu’il s’agit de la tombe d’un curé qui, selon sa grand-mère, a été enterré au milieu du cimetière. À ce moment, personne ne sait de quel curé il s’agit, ni l’époque de la sépulture.

L’abbé Joseph Boisseau, prêtre résident à Bournezeau, informé de cette situation, pense qu’il pourrait s’agir du curé Desplobein, prêtre réfractaire lors de la Révolution. Il demande alors à la commission Histoire d’éclaircir cette affaire.


Le trou de la tombe

Le cimetière de Puymaufrais que nous connaissons aujourd’hui a été mis en place en 1900. L’ancien se situait au n° 1 de la rue principale, côté gauche, au carrefour de l’entrée du bourg.

Puis, lors des recherches sur les missions paroissiales de St-Vincent-Puymaufrais, (voir Au fil du temps n° 2) nous avons appris qu’à la clôture de la mission de 1907, une cérémonie eut lieu. Le missionnaire, le Père Rousset, y fit l’éloge de deux curés de Puymaufrais exhumés de l’ancien cimetière et inhumés dans le nouveau.

Dans la revue “Semaine Catholique du Diocèse de Luçon” du 23 novembre 1907, le curé de la paroisse de la Réorthe, E.Amossé, fait un compte-rendu de la clôture de la mission de 1907. En voici un extrait :

“Dans le vieux cimetière dormaient deux anciens curés de Puymaufrais, dont l’un,   M. Desplobein, vivait à l’époque de la terreur et a laissé dans le pays une réputation de sainteté. On exhuma leurs restes, j’allais dire leurs reliques et sur leurs dépouilles réunies, l’office des morts fut chanté.
Avant de les rendre à la terre et sur leur nouvelle tombe, le Père Rousset imagina d’interpréter, pour la population, le discours qu’auraient tenu les deux vénérables défunts s’ils avaient parlé et ce discours posthume impressionna vivement”.

Dans ce rapport  le nom du 2ème curé n’est pas cité, mais l’énigme fut levée en consultant l’état-civil. En effet il n’y a que deux prêtres décédés et inhumés à Puymaufrais entre 1750 et 1900 : le curé Jacques Desplobein et son successeur, le curé François Biret.

Ce sont donc bien eux  qui ont été exhumés de l’ancien cimetière et certainement inhumés ensemble, en 1907, dans la même tombe, au cimetière actuel.

A l’occasion de cette exhumation, un fragment du crâne, du curé Desplobein, a été prélevé et conservé aux archives de la paroisse à Bournezeau.


La tombe protégée  et entourée avant le rebouchage

Voici la personnalité de ces deux curés qui ont marqué la paroisse de Puymaufrais par la durée de leur mandat :

Jacques Desplobein est né à Chantonnay le 6 novembre 1752. Devenu prêtre, il est nommé curé de la paroisse de Puymaufrais le 12 octobre 1781, à l’âge de 29 ans. Il y est décédé à 72 ans, le 1er juin 1824,  après 43 années de sa vie consacrées à la paroisse de Puymaufrais.

À la Révolution, ce prêtre de caractère n’a pas accepté de prêter serment à la constitution civile du clergé. Il est devenu un prêtre réfractaire convaincu et particulièrement célèbre. Il s’est caché dans divers endroits pour échapper aux républicains qui le recherchaient, entre 1792 et 1801. Son histoire a été retracée dans “Au fil du temps” n° 1.


La tombe refermée  en novembre 2007

François Biret est né à la Réorthe en 1797. On ne connaît pas son  parcours de prêtre  mais, à 26 ans, il est nommé vicaire dans la paroisse de Puymaufrais en 1823, sans doute pour soulager le curé Desplobein bien fatigué.

A la mort du curé Desplobein, en 1824, il devient le curé de cette paroisse. Il y restera jusqu'à sa mort, le 25 avril 1860. Il avait 63 ans. Il totalisera 37 années de présence à Puymaufrais

Ces deux curés ont été, l’un et l’autre, enterrés dans l’ancien cimetière. Puis à l’occasion de la clôture de la mission paroissiale de 1907, la paroisse a voulu leur rendre hommage en les exhumant de l’ancien cimetière pour les inhumer ensemble dans une même tombe au cimetière actuel.

L’effondrement de cette tombe, un siècle plus tard, nous permet de mettre en lumière le rôle de ces deux prêtres dans la paroisse de Puymaufrais.

La paroisse et la commune sont maintenant d’accord pour mettre cette tombe en valeur, en y apposant une plaque honorant leur mémoire dans  l’histoire locale.

Henri Rousseau