RUISSEAUX, RIVIERES, FLEUVE ETANGS et LAC

On a souvent dit : >«Bournezeau,   Bourg sans eau», en cherchant l’origine du nom.

En réalité les racines de Bornizello Bornoseus, premières appellations à consonance latine apparues dans des textes anciens datant de 1092, viennent du mot latin born se traduisant par source et de icellum qui ajoute un diminutif.

Donc Bornicellum origine du nom Bournezeau signifie Petite Source. Il est sûr qu’autrefois le bourg lui-même était assez pauvre en eau… on ne s’en rend plus compte aujourd’hui avec l’eau du robinet… mais ces problèmes d’eau se retrouvent fréquemment dans les délibérations du Conseil Municipal à partir de 1850 jusque vers 1900. 

Par contre si l’on regarde la carte ci-jointe on voit au premier coup d’œil que le territoire communal est riche en cours d’eau et qu’ils en délimitent la majorité de son pourtour. Seuls à peu près 8 km sont en limites sèches״: au nord, une portion entre la Lande Plate (à partir des étangs sources de la Gasse) et l’Oiselière ; au sud, de la ferme de l’Espérance jusqu’au Lay, à Petit Trizay.

Bournezeau est entouré d’à peu près 38 km de cours d’eau…

Une terre entourée d’eau… une île  …On peut toujours rêver ! 


Lac de la Vouraie appelé aussi lac de la Sillonnière

I  - Les  cours d’eau limitrophes

Survolons la commune en arrivant par le Nord–Ouest, nous allons d’abord découvrir :

1 - La Gasse : Ruisseau de 3 km séparant Bournezeau de Fougeré. Elle prend sa source dans des anciens marasmes transformés en étangs artificiels situés entre la Ricotière (de Fougeré), la Barre et la Cavac. Elle se jette dans la Vouraie face à la Ritaudière, 1,5 km avant la queue du lac de barrage.

En 1881, les délibérations du Conseil Municipal signalent que la planche de la Casse aux bretons permettant la liaison Villiers-Fougeré en traversant la Gasse est complètement détériorée et le passage est intercepté. (Le rédacteur a dû vouloir dire interrompu). Il serait bon que la commune de Fougeré fasse un geste… (La coopération ne semble pas évidente !)

 2 - La Vouraie : en limite séparative sur  8,400 km  avec St Hilaire le Vouhis, lac de la Voueraie compris. D’une longueur totale de  16,250 km avec son plus grand affluent, elle est formée par le ruisseau de la Fontaine St Père venant de la forêt de la Chaize et le ruisseau de la Grève, plus long, passant aux pieds du château du même nom, après être né près du village de Raines (Les Essarts). Se rejoignant au sud de la Gerbaudière, ces deux ruisseaux se transforment en la rivière Vouraie qui termine sa course dans le Petit Lay entre la Petite Forêt et la Roche de l’Angle, après avoir rempli le nouveau lac de la Sillonnière qui a effacé son ancien cours plein de charme.

3 - Le Petit Lay : Cette rivière, sur  9 km en limite entre Bournezeau et Chantonnay, nous conduit vers St Vincent Puymaufrais en passant sous le viaduc de chemin de fer de l’Angle. Elle se laisse traverser à gué au Pont du Servant, alimente la chaussée de l’ancien moulin de Chenillac, autrefois lieu de baignade et, par les bas du Plessis, rejoint son frère jumeau, le Grand Lay, à l’Assemblée des Deux Lays pour former notre local.

En 1866, la municipalité d’alors, se préoccupant déjà de l’environnement et de la santé publique, prenait le 20 juin une mesure antipollution en ces termes : Il est utile, dans l’intérêt de la santé publique, d’interdire de faire rouir* le lin dans les eaux du Petit Lay, dans son passage sur la commune, du 20 juin au 1er novembre…, les eaux de la rivière ne sont pas abondantes pendant l’été.

* Rouir, (rouissage du lin ou du chanvre) c’est faire disparaître la matière organique non fibreuse de la plante, en la faisant macérer dans l’eau pour n’en récupérer que la fibre à usage textile. C’est donc une sorte de pourrissement des matières tendres de la plante qui, fait en grande quantité, a un effet polluant important et demande donc, pour atténuer cette pollution, un débit d’eau suffisant.

4 - Le Lay, fleuve côtier : Sur 11 km, il nous rend voisins de la Réorthe et Ste Hermine. Il passe sous les belles arches du pont de St Vincent et suit les bas du château de la Roche Louherie, face à l’ancien moulin du Berg. A la minoterie délabrée de Poêle-Feu, il contourne la ferme de St Pierre, prend la direction Sud-ouest vers la Ricotière et le vieux pont de la Rochette. Au passage devant la grotte, il s’écoule sous la protection de la Vierge de Lourdes. Après le site du Grand Bateau,  il fait sa boucle autour de Puymaufrais et remonte vers le Nord sur l’Abbaye de Trizay où il reçoit le plus long cours d’eau entièrement communal, le ruisseau du Pont Emery. Il traverse ensuite la départementale 948 et quitte la commune au Petit Trizay, là où l’ancienne route Napoléon le traversait sur un pont de bois aujourd’hui disparu. Il s’échappe en direction de Mareuil et l’océan en passant sous l’autoroute A83.


Le pont de la Rochette

Photo  André Seguin

Première limite sèche : sur 4 km, de Petit Trizay à l’Espérance en suivant grosso-modo le trajet de l’autoroute A83.

 5 - Le Maupas : Ruisseau en limite sur 1,875 km, d’un cours total de 3,750 km, il tire son nom du lieu Mauperthuis (mauvais passage) et reprend la continuité des ״limites liquides״, avec l’adjonction d’un petit ruisseau qui arrive de l’Espérance naissant entre la D948 et l’A83. Le Maupas prend sa source au nord de l’Eziére et alimente plusieurs étangs avant de se jeter dans la Doulaye en creusant  par son remous la Fosse des trois paroisses point de rencontre de Bournezeau et des deux paroisses, autrefois séparées, des Pineaux et St Ouen.

Ce ruisseau est actuellement très pollué par les effluents du village de la Borelière, la municipalité étudie des solutions. 

6 - La Doulaye : notre plus important cours d’eau intérieur a l’honneur de border notre territoire sur 1,100 km, de la Fosse des trois paroisses jusqu’à l’étang de Jeannick Deborde, sous le Thibeuf, où il reçoit le ruisseau de Pierre Folle. Des Grandes Landes, au Nord-ouest de Villeneuve où la carte IGN montre sa source, jusqu’au Marillet dans lequel elle se jette un peu avant Mareuil, à la sortie de la carrière des Roches-Bleues, son cours total fait 18,625 km.

Le 2 novembre 1865, Le sieur Vrignonneau a détruit sans autorisation un lavoir public existant dans le lit de la Doulaye et s’est emparé du terrain avoisinant ce lavoir pour agrandir sa propriété, a enlevé et porté sur son pré de la terre végétale provenant de ce lavoir et des environs. Il faut imposer d’urgence un bornage. Mais la conciliation paraissant assez difficile avec ce personnageil faudra certainement poursuivre en justice, le conseil municipal autorisant…

Les délibérations ne nous informent pas s’il y a eu suite !

7 - Le ruisseau de Pierre-Folle : Ses 4,400 km en limite communale nous séparent de Thorigny. Des bas du Thibeuf, on remonte vers sa source en suivant le sentier des châteaux jusqu’à sa rencontre avec le ruisseau des Sauzes. Après la Bégrie, la route de Thorigny traversée, on rejoint l’Oiselière en parcourant des terres qui lui auraient donné son nom. Il faut lui ajouter 500 m pour aller à sa source, face au Chêne-Bertin, sans traverser la route qui fait la limite de partage des eaux.

La deuxième limite sèche complète le périple, joignant l’Oiselière aux sources de la Gasse, en longeant la quatre voies et l’arrière de la forêt de Buchignon sur 4 km. 

II -     Les ruisseaux de l’intérieur

Au regard de la carte l’ensemble du territoire est bien arrosé. Sur les versants des cours principaux,(Vouraie, Petit-Lay, Lay, Doulaye, Pont-Emery) de nombreux petits cours d’eau proviennent soit d’un écoulement d’étang soit d’autres collectes d’eaux pluviales de prairies ou champs. Souvent sans nom ou repérés par la ferme la plus proche, ils tarissent en période sèche.

Détaillons les principaux : 

6 - La Doulaye : déjà nommée en tant que limitrophe. Contrairement à ce qu’indiquent habituellement les cartes, elle ne prend pas sa source dans le bois marécageux des Grandes Landes, au N.O. de Villeneuve. Son cours suit en effet la lisière de ce bois, le contourne, traverse la voie de chemin de fer et remonte en suivant un épais buisson parcellaire jusqu’à une bourbe, au nord d’un petit bois, où débute son écoulement. Ce petit bois est situé entre la Seillerie et les étangs de la Gasse. Il faut donc ajouter environ 1 000 m à la longueur du parcours indiqué précédemment, soit une longueur totale d’à peu près 20 km, dont 9 km sur la commune.   A la sortie du bois des Grandes Landes elle reçoit les eaux du point culminant de Bournezeau  (103 m) par le ruisseau des Fosses-aux-Loups. Elle traverse le carrefour de Villeneuve. Puis, après être passée près de Bezeau, contrariée par un petit escarpement, elle bifurque curieusement à 90° à hauteur de l’étang de Thierry Robin, aborde le bourg à la rue qui porte son nom. Elle le traverse, en partie invisible sous les maisons de la rue du Centre où l’étroitesse du passage a provoqué maintes inondations. Elle alimentait, il y a très longtemps, un moulin à eau à la sortie du bourg et un autre plus récent, au Thibeuf, dont la chaussée fut utilisée par M. Louis Esgonnière pour installer en 1932 une petite turbine fournissant, au logis et à la ferme, le premier éclairage électrique ayant existé en campagne à Bournezeau.

8 -  Le ruisseau des Sauzes : 1,875 km. Ce nom est synonyme de saules. Il prend sa source près de la route de l’Oiselière, à l’arrière de la déchetterie verte, où il y a un risque de pollution par des lixiviats (jus de fermentation) entraînés par la pluie. Des mesures seraient à prendre afin d’éviter ce risque. Il se jette dans Pierre-Folle peu avant la passerelle du sentier des châteaux.

9 -  Le Bornevelt : ce ruisseau fait à peu près     3 km. Il prend sa source à mi chemin de la route qui va des Loges à la Croisée de la Boule. Après le passage à niveau, il longe la voie de chemin de fer sur 200m vers Chantonnay et la traverse pour descendre vers le bourg jusqu’au nouveau monument du souvenir où il rejoint la Doulaye après être passé par l’arrière de l’église. Il alimentait autrefois un lavoir au-delà du bois de la Bière et arrose les jardins près du chemin de la Motte qu’il traverse. Il fournissait aussi l’eau pour le fonctionnement de l’alambic. Son nom découvert dans une délibération du Conseil Municipal du 10 novembre 1859 peut laisser à penser qu’il y ait un lien avec le patois Bornevais… ?

Le 10 novembre 1859, cette délibération nous informe que suite à la grande crue des eaux venant de se produire, on appelle à l’intention du conseil municipal qu’il y a interruption du passage à pied des personnes sur le ruisseau dit Bornevelt En effet au bas de la descente, après le logis des Humeaux, la route, entre Bournezeau et la rivière la Vorêt, traverse à cette époque le ruisseau par un gué qui n’est plus praticable en raison des intempéries.

Il en coûtera «40 F afin de placer une planche sur le dit ruisseau, pour passer les personnes à pied seulement, et cela dans les plus bref délais.»


Ancien lavoir Genet

Photo Jean Bernereau

10 - Le Ménardeau : 600 mètres seulement : Petit, mais important à plusieurs titres. Il possède deux sources : l’une, un ancien abrou, actuellement au fond du jardin d’une maison au n°13 de la rue de la Poterne, l’autre dans l’étang formé lors des travaux de la déviation et entouré d’une zone verte un peu sauvage, entre la rue des Vignes et les ateliers Municipaux. Il agrémente le cadre de vie des habitants des lotissements des Vergnes par son aspect nature et campagne en pleine ville.

Une étude a été faite sur l’évolution de son bassin versant et de son environnement depuis 30 ans. Nombre d’habitants multipliés par cinq, surfaces imperméables multipliées par huit (toits, rues, dallages etc …remplaçant champs, prairies et jardins) modifient et perturbent son fonctionnement. Il est fragile. Habitants de ce quartier, prenez-en conscience et préservez-le en évitant l’utilisation de désherbants ou autres pesticides et le rejet d’eaux polluées (lavages divers) dans le réseau pluvial. Une valorisation de ce site nature est en cours.

Il arrosait autrefois des mottines (potagers d’été en sol frais) près de la pièce d’eau de la rue des vignes et les jardins des Colonies (jardins ouvriers créés par le maire Rouzeau le 23 mars 1920.) des deux cotés de la rue des Pâquerettes.

Il alimentait quatre lavoirs : un petit lavoir municipal couvert (actuellement disparu) au bas du jardin de M. Cornu, juste avant les terrains de l’école St. André, qui elle-même avait le sien. Ensuite le magnifique lavoir de l’ancienne propriété Genet (actuellement chez Jean Bernereau), dont le seul vestige est le bassin, ceinturé de 6 dalles en granit pour battre le linge. Il était construit de forme hexagonale, les murs ouverts de trois grandes baies à petits carreaux. A l’intérieur, 6 piles en bois supportaient une charpente à deux niveaux, couverte d’ardoises, abritant un étage séchoir. Il était réputé unique en Vendée. En dernier, le lavoir communal du bas bourg et l’abreuvoir (voir Au Fil du Temps  No 4, page 15). Canalisé sous l’ancienne route, (avenue du moulin) le Ménardeau se jette dans la Doulaye, à l’arrière des maisons faisant face au nouveau square Arthur Guéniot.

En août 1896,vu à la pénurie d’eau dans le bourg, Esgonnière demande de mettre à l’étude un projet de canalisation pour alimenter le lavoir municipal. Les sources du ruisseau, (le Ménardeau) sont à 5 - 600 m à l’ouest dans la propriété de MM. Rouillon et Tillier…, projet intéressant, mais onéreux et il se pourrait que les sources soient insuffisantes car elles sont alors à sec…

 En réalité ces sources ne tarissent jamais, il aurait suffi de les capter à  faible profondeur

La demande sera renouvelée en juin 1900, avec proposition de faire intervenir un hydrologue. Mais il faudra voir plus tard,car l’installation du télégraphe impose de grosses dépenses. La communication semble primer sur l’hygiène


Gué sur le ruisseau du Pont Emery.
On remarque "la planche" pour le passage à pied.

Photo André Seguin

11 - Le ruisseau du Pont-Emery : 7,325 km de long, appelé aussi le Grenouillet. Seul cours d’eau important ayant son réseau complet sur la commune. Il fait le lien entre Bournezeau et St. Vincent Puymaufrais et prend sa source au nord du bois de la Terrandière. Il alimente de nombreux étangs vers la Girardière, la Commanderie, traverse un gué sur le chemin de l’Augoire à Trizay (Photo ci-dessus) et sans doute s’en trouvait-il un autre juste avant qu’il ne se jette dans le Lay, car l’abbaye est consacrée à Notre- Dame-du-Gué.

Un peu d’Histoire-Géo

Le Lay : notre fleuve côtier traverse la Vendée sur 125 km, des Collines jusqu’à la Baie de l’Aiguillon. Il est formé par la réunion, à l’Assemblée-des-Deux-Lays, du Petit-Lay (52 km) et du Grand-Lay (52 km). Ce confluent est proche de l’ancien bourg Saint-Vincent-Fort-du-Lay, dont le nom, malgré une résonance militaire, est simplement la déformation de fourche du Lay.

Le Grand Lay prend sa source entre St-Pierre-du-Chemin et Menomblet, passe à la Meilleraie, contourne St-Prouant, reçoit la Maine au lac de Rochereau, le Loing au nord de St-Philbert-du-Pont-Charrault et alimente depuis 1950 la retenue de l’Angle-Guignard, premier ouvrage Vendéen pour le service d’eau.

Le Petit-Lay, né près de St-Michel-Mont- Mercure, passe ensuite à St-Mars-la-Réorthe, Mouchamps, Ste Cécile, l’Angle-Luçon et arrive sur Bournezeau à La-Roche-de-l’Angle.

En 1790, la Constituante donnant aux départements qu’elle vient de créer des noms empruntés à la géographie, il a été proposé d’appeler le nôtre les Deux-Lays, comme notre voisin les Deux-Sèvres Or il se trouvait que deux députés fort laids représentaient notre département à l’Assemblée Nationale. Par peur de froisser l’amour propre de ces Messieurs avec un mauvais jeu de mots, on préféra choisir le nom de Vendée rivière qui traverse le chef-lieu d’alors : Fontenay-le-Comte...

André Seguin

Sources :
Cartes IGN, cadastres et observations sur les lieux.
Les commentaires historiques sont extraits des travaux de l’Abbé Henri Seguin. –
René Giraudeau est remercié pour sa participation.