Etude de la population de Bournezeau (1680 - 1900)
- 3ème partie : 1800 à 1900 -

À partir du Premier Empire se met en place une bureaucratie de plus en plus centralisée. Cela se traduit par la multiplication de documents administratifs et, par ce biais, de données démographiques. Nous n’en utiliserons que deux pour notre étude : les recensements et l’état civil. Les premières listes nominatives d’habitants apparaissent au moment de la Révolution avec les dénombrements de la population. Cependant la première liste concernant Bournezeau n’est établie qu’en 1820 et la suivante en 1836. Le recensement sera effectué ensuite tous les 5 ans.

L’état civil est une deuxième source d’informations. Il permet d’étudier l’évolution des naissances, des mariages et des décès. Il nous éclaire également sur les différentes professions exercées sur la commune.

Combien comptait d’habitants Bournezeau au lendemain des troubles provoqués par la Guerre de Vendée (1793-1796) ? Le 25 septembre 1796, les administrateurs de Bournezeau envoient aux autorités départementales un tableau indiquant que la commune comptait 845 habitants (apparemment sans les enfants de moins de 12 ans). Ils y joignent cette note :

«Les papiers de l’ancienne municipalité ayant été incendiés, nous ne pouvons déterminer au juste la différence qui existe entre la population d’aujourd’hui et celle d’avant la guerre (…) ; mais nous n’exagérons en portant la différence de la population à une moitié moins car la commune de Bournezeau avait toujours passé pour contenir plus de 1600 âmes (…) »

En 1820 notre commune en compte 1514. Il lui a donc fallu plusieurs années pour retrouver une situation démographique semblable à celle d’avant 1793. Après 1820 la population ne cesse de progresser pour atteindre 2371 âmes en 1896. Comment peut-on expliquer cette évolution alors que dans le reste du pays la tendance est inverse ?

La natalité reste forte dans nos régions. Le poids du catholicisme est indéniable et se renforce tout le XIXème siècle. Les familles avec très peu d’enfants sont l’exception. Globalement, dans le reste de la France, le taux de natalité baisse.

Un très lent repli de la mortalité s’amorce progressivement. Néanmoins, les conditions sanitaires et d’hygiène restent médiocres et les conditions de vie favorisent la mortalité infantile et la propagation des maladies contagieuses : la tuberculose, le choléra, la variole, la dysenterie, la rougeole. On constate 2 grands pics de mortalité à Bournezeau : le premier en 1860 avec 74 décès liés sans doute au choléra et le second en 1871 avec 78 décès dus à la variole importée par les militaires. La situation s’améliorera après les années 1880 avec les découvertes de Pasteur.

La population est également plus mobile. L’origine des habitants est donc plus diverse, notamment à la fin du siècle. Les gendarmes de Bournezeau, par exemple, sont assez souvent originaires de départements plus lointains.

La poussée démographique se traduit par la naissance de nouveaux villages afin d’augmenter les terres agricoles. A partir des années 1840 et 1850, on retrouve, aussi bien dans l’état civil que dans les recensements, le nom de ces villages : la Sellerie, la Croisée de la Boule, la Mathurine, le Haut-Bois, l’Etang, le Petit-Lundi, la Brunière. Plus tard, dans les années 1860 et 1870, on peut citer la Sauzaie, la Rhéauté, la Pélagie, la Bitardet, la Gare. A la fin du siècle, apparaissent les Salines, la Louisière, la Fenêtre. Cette liste n’est pas complète car de nombreux lieux-dits naissent au XIXème siècle et n’existent plus aujourd’hui, englobés par le bourg ou abandonnés : la Maison-Jolie, Bel-Air, la Bécasse, la Croix-de-Pierre, la Morinière, la Petite-Croix, la Grande-Croix, l’Aubier, la Pradière, Bellevue, la Traire, le Pont-Crotté, la Catin, la Grippe, le Chêne-Rond, la Doulaye, le Côteau.

Notre commune, largement agricole, est à  l’écart du mouvement d’urbanisation et d’industrialisation. Cependant l’arrivée du chemin de fer dans les années 1870 favorisera l’économie locale comme les foires à bestiaux qui prendront de plus en plus d’importance. De nouveaux métiers voient le jour : facteur, buraliste, cantonnier, instituteur, entrepreneur…

Le début du XXème siècle voit une lente diminution de la population de Bournezeau : 2263 en 1901, 2225 en 1906 et 2021 en 1911. La Première Guerre Mondiale marquera une rupture : Bournezeau ne comptera plus que 1820 âmes en 1921. La baisse perdurera encore pendant plusieurs décennies.

Vincent Pérocheau

Sources
- Archives départementales de Vendée (ADV : côte L.295).
- Etat civil et Recensements, mairie et ADV.
- A. Fire et J.C. Sangoï, La population française au 19ème siècle, PUF, 1991.
- Y. Hello, Société d’Emulation de la Vendée, 1984 et 1985.

Bilan démographique de Bournezeau de 1800 à 1900


Moyenne des naissances : 54,6 /an - Moyenne des sépultures : 38.5 /an - Moyenne des mariages : 16.7 /an.

La population de Bournezeau d’après les recensements du XIXèmesiècle

Le recensement de 1851

Un seul recensement, celui de 1851, mentionne les nationalités et les religions : catholiques romains, calvinistes, luthériens, israélites et autres cultes. Sur le même recensement, et uniquement sur celui-ci, une colonne est consacrée aux infirmités et aux maladies, et une dernière colonne aux catégories professionnelles.

Voici les données pour Bournezeau qui comptait alors 2056 habitants :

Les plus grands villages de Bournezeau au XIXème siècle