Accident dans la carrière de Beauregard

Un fait divers tragique nous est connu grâce à un article extrait du bulletin paroissial de Bournezeau de l'année 1912. Nous n'en connaissons pas l'auteur, peut-être un membre laïc de la paroisse. Quoi qu'il en soit, il nous fait vivre au plus près et en détails le drame qu'a subi un carrier de la commune dans l'après-midi du mercredi 12 juin 1912. Il s'appelait Jean Poirier, né à Boufféré en 1839. Il avait donc 73 ans lors de l'accident !

Accident mortel

Le mercredi 12 juin, vers 2 heures, le père Poirier venait de reprendre son travail dans la carrière de M. Auguste Jossand, tout près de Beauregard, lorsqu’un premier éboulement, bientôt suivi de plusieurs autres, renverse le malheureux ouvrier avec son échafaudage établi au-dessus de l’eau qui couvrait le fond de la carrière. Des pierres énormes (c’est lui-même qui eut encore le courage d’en faire le récit aux siens) et presque un tombereau de terre couvrent et broient le malheureux carrier.

Personne aux environs pour entendre ses appels au secours. Poirier ne perd pas courage. De 2 h. à 5 h. il travaille petit à petit (au prix de quelles souffrances, Dieu seul l’a su !) à sortir de dessous les décombres. Vers 5 h. il entend des pas dans le sentier voisin. Il appelle de nouveau. C’est un ami, le père Éveillé, qui revient, par permission de Dieu à cette heure, de son travail et que la Providence a fait passer par là.

 – « A mon secours, mon cher camarade, je suis perdu ! »

Vite, celui-ci court chercher renfort et l’on transporte la pauvre victime chez elle, dans une charrette dont toutes les secousses augmentent ses douleurs. Le pauvre homme avait les mains en lambeaux, tout le visage absolument couvert de larges plaques de sang déjà coagulé, l’œil tout meurtri, un pied brisé complètement à la cheville et la poitrine broyée. Le prêtre,[Auguste Mornet] mandé en toute hâte, fut reçu par lui avec une grande joie.

 – « Oh ! oui, oui, venez, M. le curé ! Je vais mourir ! »

Il se confessa en pleine connaissance, supportant avec un grand courage ses atroces douleurs. En l’absence du bon docteur Bastard, toujours malade, M. Jousseaume, pharmacien, s’empressa de lui donner les premiers soins ; on espérait encore. Mais une heure après, en présence du Dr. Pâris, une contraction musculaire souleva tout d’un coup la poitrine du pauvre blessé.

 – « Il se meurt, dit la pauvre femme ! Il se meurt ! .
 –  Oui, oui, vite ! M. l’abbé donnez les sacrements, répondit le médecin ».

 Quelques instants après, muni des derniers secours religieux qu’il avait acceptés avec tant de confiance à l’heure suprême, le pauvre carrier rendait son âme à Dieu au milieu des cris de désolation de sa famille.

Carrière de Beauregard

A celle-ci, si douloureusement frappée, nous offrons nos condoléances les plus vives et les plus sincères ; et nous prions le Sacré-Cœur de Jésus de faire miséricorde à cette âme, appelé subitement mais retrouvant bien vive la foi de son enfance.

Le père Poirier avait beaucoup voyagé. Il travailla même jusqu’au fameux canal de Panama. Il n’avait point perdu la foi car il ne se couchait jamais sans dire une prière. Il eût pu mourir, seul, au fond de sa carrière. Dieu ne le permit pas, peut-être à cause de cette fidélité à la prière de tous les jours. Soyons toujours prêts !…. et prions !

sources:
Bulletin paroissial de Bournezeau (année 1912).
Archives départementales de Vendée (site Internet).
Etat civil de Bournezeau, mairie.
Etat civil de Boufféré.