Les anciennes carrières de la commune

Pour celui qui, après avoir traversé l’Anjou ou la Bretagne aux toitures bleu-ardoise, aborde le sud de la Loire, les maisons vendéennes avec leurs toits de tuiles rouges apparaissent comme une avant-garde, une annonce, de l’habitat du Midi.

  À Bournezeau et St-Vincent-Puymaufrais, à part quelques logis, d’anciennes maisons bourgeoises et nos deux églises couvertes d’ardoises, la plupart de nos demeures sont recouvertes des tuiles rouges tiges de bottes typiques des constructions poitevines. Ces tiges de bottes provenaient autrefois des tuileries qui œuvraient aux Pineaux-St-Ouen, tout proche, ou à St-Martin-des-Noyers. Nous ne connaissons pas chez nous d’exploitation de carrière d’argile. Par contre, la pierre qui servait à la construction des murs de nos maisons, fermes, granges et autres édifices est bien tirée de notre sol.

Autrefois, les carrières étaient nombreuses sur le territoire de Bournezeau et St-Vincent-Puymaufrais où partout affleuraient granit et schiste, le matériau nécessaire pour dresser les murs. Ainsi s’est façonné le visage de nos bourgs et campagnes d’avant la guerre 39/45. À partir des années 50, l’arrivée des parpaings et du béton a complètement transformé les modes de construction. Mais nous avons conservé nos tuiles rouges !

Pour éviter le transport, nos anciens cherchaient au plus près les matériaux nécessaires à leurs constructions et pratiquement chaque ferme ou village avait sa propre carrière. C’était naturel et elles n’ont jamais fait l’objet d’un recensement.

Depuis, leurs traces ont plus ou moins disparu, ici où là on entend encore parler du champ ou du pré de la carrière, du chemin de la carrière. Il est difficile d’en faire un inventaire précis. Merci de nous signaler les carrières importantes oubliées.

Cependant, les recherches sur le terrain, aidées par la mémoire collective, ont permis d’établir la liste qui fait suite.

Carrières de Bournezeau

1 - Avenue du Moulin 1: granit, à côté du Moulin.

2 - Avenue du Moulin 2 : granit sur la propriété de Jacky Mandin.

3 - Le Château : granit, le champ de la carrière, en face l’ancien bâtiment de la CAVAC.

4 - Beauregard : granit, deux carrières exploitées jusqu’à la Guerre 39/45. Le tireur de pierres  s’appelait Jean Poirier et habitait au Petit-Lundi. Son père s’est tué dans l’une de ces carrières. Cet accident est rapporté dans l’article précédent.

5 - Le Pavillon : granit, en bord de la Doulaye.

6 - L’Alouette 1: granit, à l’ancien lavoir de la ferme.

7 - L’Alouette 2 : granit, à l’ancien dépôt d’ordures, près de la station d’épuration.

8 - La Prée de la Brejonnière : granit  rose.

9 - Le Champ de la Croix : deux carrières de granit  très proches, au bord de la Doulaye.

10 - Les Bossardières : granit. Exploitée jusqu’à la Guerre 39/45, ses pierres, de bonne qualité, ont servi à la construction de l’église de Bournezeau et au viaduc SNCF de l’Angle.

11 - Le coteau des motos : granit, près du terrain de moto-cross.

12 - Les Salines : granit. Cette carrière, qui existait avant 1820, fut coupée en deux par le tracé de la nouvelle route voulue par Napoléon. Les anciens racontent que ce serait l’Empereur lui-même qui, pour en éviter le contournement, aurait tracé la « droite ligne » au milieu de la carrière de la pointe de son épée. Ce serait l’origine du nom porté au cadastre: Champ de la baïonnette.

13 - les Piochères : granit, exploitée par la commune vers 1963/64 pour empierrer les chemins communaux. Dernière exploitation  par Gabriel Greffard en 1977.

14 - Le Champ du Moulin : sable.
Exploitée par M. Gillon, plombier- zingueur, jusqu’en 1950, pour fabriquer des briques réfractaires.

15 - L’Etanchet : granit.

16 - Le Dyjenne : schiste - En réalité cette carrière se situe sur Les Pineaux juste au-delà du ruisseau de Pierre Folle,  à 300 m au sud de la Poupardière.

17 - Pont Robin : granit.

18 - Le Maulon (ou  Mouélon) : granit.

19 - Champ du Douet : granit, à Fremier, près du ruisseau de Pierre Folle.

20 - Champ de la carrière de Villeneuve : granit. La Stèle du Souvenir près de l’église provient de cet endroit.

21- Les Fosses aux Loups : granit. La maisonnette du passage à niveau n° 52 de Villeneuve a été construite avec les pierres de cette carrière.

22 - Verdaizière : granit rose.
En 1938, M. Couturier, maçon de Fougeré, en tira la pierre pour construire le bâtiment à matériel de battage d’Alphonse Bernereau (actuel Crédit Agricole, av. du Moulin). Le même maçon a reconstruit en 1946  la maison de Joseph Seguin, partie magasin bijouterie et habitation donnant sur la Place des Papillons. Le pignon nord, visible du fond de la place, n’ayant jamais été crépi, est un bel exemple des techniques de construction de l’époque : pierre de pays, brique rouge des Pineaux pour conduit de cheminée et fenêtre, mortier de terre et sable pour le liant. Ce fut une des dernières maisons de ce type construite à Bournezeau (plus tard, celle de Victor Chauvet, 29 av. du Moulin).

23 - Forgette : granit, pré de la carrière.

24 - La Martinière : schiste, au bord de l’ancienne ligne droite de la RD n°7.

25 - La Boule : schiste, au Coteau mou, dernière exploitation par les frères Brochet, de Forgette, dans les années 1990.

26 - Petit Logis : schiste, en bordure de la Vouraie.

27 - La Petite Violière : schiste au pied du viaduc de l’autoroute traversant le lac de la Vouraie.

28 - Le Petit-Bocquet : schiste, route de la Réorthe.

29 - Le Pont du Servant : schiste, après la dernière maison en bas, à droite en descendant.

Carrières de St- Vincent-Puymaufrais

30 - Pont Guérin : schiste.

31 - Champ de la carrière : pierre calcaire, route de Pont-Guérin, dans le Fromenteau.

32 - Champ du moulin : pierre calcaire, entre le Patis et Pont-Guérin, dans le Fromenteau, seul endroit de notre territoire où existe ce type de sol argilo-calcaire.

33 - Le Coteau de la Pierre : schiste, l’Oiselière.

34 - L’Oiselière : carrière de sable.

35 - Bois Morin : schiste.

36 - La Connelière : schiste.

37 - Du bourg de Puymaufrais au Grand bateau : schiste, à 300 m du bourg,  à gauche en descendant.

38 - Champ de la carrière : Schiste, route de Puymaufrais à Trizay, sur la gauche en face l’étang.

39 - Route de la Buzinière : >schiste. Les Alais près de la Ménerie, quatre carrières : Les Alais Chaillou : granit début 20ème siècle. Bouchée depuis le remembrement.

41 – Les Alais : granit. La moitié de cette grande carrière appartenait à M. Levieux et l’autre à Daniel Remaud. Exploitée de 1850 à 1950 environ, cette carrière a servi à construire le pont de Trizay. Auguste Parpaillon était tireur de pierres en ces lieux. Puis, vers 1973, l’entreprise Blanchard de Thorigny  en tira de la pierre à la demande de  Lucien Grellé, maire de Bournezeau, pour empierrer les chemins de St-Vincent- Puymaufrais.

42 - Les Alais Daniel Remaud : granit, à 30 m du ruisseau de la Ménerie (Est).

43 - Les Alais Pété : granit,carrière exploitée de 1850 à 1930 environ, à 30 m du ruisseau de la Ménerie schiste, juste à côté des bâtiments d’exploitation, coté Est.

45 - La Fraignaie : schiste.

46 - la Fradinière schiste, à gauche en direction de  la Commanderie.

47 - La Pérochère : schiste, à 300 m des bâtiments en direction de la Fradinière.

Jean-Yves Jaulin

Cet inventaire a été réalisé avec le concours de Fernand Grelaud et  Henri Rousseau qui ont visité tous ces lieux. Et aussi grâce aux témoignages de Gabriel Greffard , Germaine et Jean Bernereau , Hyppolite Bernereau , René Charrier , Norbert Greffard , Robert Perocheau , Marcel Forgerit , Henri Giraudeau , Eugène Poupin , Jean-Pierre Raffin Aimé Papin , Pierre Neveu , Raymond Pillaud et Robert Charneau , qui ont participé à diverses réunions et que nous remercions de nous avoir guidés.

En forme de conclusion, Quelques mots de Germaine Bernereau .

"Ne soyez pas surpris touristes et randonneurs, au cours de vos ballades, de remarquer sur nos sentiers autant de châteaux, logis, belles demeures ou simples maisons  en pierres, à Bournezeau ou St. Vincent.

Croyez que le matériau principal et noble qui a servi à ces constructions ne vient pas de Bretagne et non plus de Chine ! Chez nous, sous la couche arable, le granit affleure.

Quoi de plus facile qu’ouvrir une carrière près du chantier ? Surtout que la main d’œuvre locale des très laborieux “journaliers” ne manquait pas. Il n’y avait alors ni grue, ni “manitou” sur le chantier, seul“l’oiseau”* calé sur l’épaule permettait d’approcher la pierre utile au maçon.

Ainsi ces trous embroussaillés ou falaises de pierres rencontrées au cours de vos promenades sont nos petites carrières locales qui ont servi à la construction des demeures voisines. Le temps qui balaie tout en a effacé un certain nombre, mais la terre est toujours là solide et durable pour nous et nos enfants. »

L'oiseau est un outil de maçon : Sorte de baquet en bois se portant sur l’épaule pour le transport de certaines charges, avec deux poignées sur le devant pour le maintenir, ce qui permettait aussi de libérer une main pour agripper les barreaux de l’échelle.