Le Vieux Château de Bournezeau

Y avait-il autrefois un château féodal à Bournezeau ? La question peut se poser. En effet, pour un promeneur déambulant dans les rues de notre commune, rien ne trahit visuellement l’existence d’un tel édifice, ni ruine, ni gravure ancienne. Et pourtant il y avait bien un château féodal. Dans les années 1860, l’abbé Aillery, auteur des « Chroniques paroissiales », écrivait dans l’article concernant Bournezeau : « De ce château il ne reste plus aujourd’hui que des murs qui bientôt n’existeront plus. » En 2011, il ne reste plus rien à l’exception des dépendances du XVIIème siècle et du fossé entourant le jardin du château.

Où se situait-il ? Le cadastre napoléonien de 1825 nous aide à le localiser. Il se trouvait en face de la salle des Halles, sur la propriété actuelle de monsieur Moitié.


Cadastre napoléonien
Plan du bourg de Bournezeau en 1825
avec l’emplacement du château.
1   Salle du Mitan
 2   Eglise actuelle
3   Foyer Rural
 4   Salle des Halles
 5 Ancienne église  

Les origines

Quelques documents d’archives permettent d’exhumer son histoire car n’oublions pas que Bournezeau était depuis le Moyen-Âge une seigneurie importante qui dépendait de la Vicomté de Thouars. Elle englobait la totalité des Pineaux, de Saint-Ouen-des-Gâts, de Saint-Vincent-Fort-du-Lay et de Puymaufrais, sans compter d’autres terres dans les paroisses suivantes : Bellenoue, Saint-Valérien, Saint-Philbert-de-Pont-Charrault, Saint-Laurent-de-la-Salle, Saint-Florent-des-Bois, Thorigny, Lairoux, Château-Fromage, Saint-Germain-le-Prinçay.

Les seigneurs de la baronnie de Bournezeau avaient le droit de haute justice sur l’ensemble de ce territoire, c’est-à-dire qu’ils avaient le pouvoir de condamner à mort un justiciable. Il y avait audience tous les mardis de chaque semaine.

La justice était exercée par un juge, un procureur fiscal et un greffier. Peut-être ces audiences avaient-elles lieu dans le château, symbole du pouvoir et de l’autorité du seigneur.


Plan du bourg de Bournezeau aujourd’hui.

Les premiers seigneurs connus de Bournezeau appartenaient à la famille Blois-Penthièvre dès la fin du XIème siècle. L’un d’eux, Etienne de Blois, signa en 1092 une donation sous le nom de Stephanus de Blesis seu de Bornozello [Étienne de Blois seigneur de Bournezeau]. Le château a peut-être été construit à cette période. A quoi pouvait-il ressembler ? Nous l’ignorons totalement. Il ne fait aucun doute que durant les siècles il a évolué. Nous ne pouvons qu’avoir une idée du château à la fin du XVIIIème siècle en nous basant sur le cadastre de 1825.


Dessin représentant le château tel qu’il pouvait être
à la fin du XVIIIème siècle, d’après le cadastre de 1825
(dessin d’André Seguin).

Le conflit pour la couronne du duché de Bretagne

En 1420, le château de Bournezeau recevait un “invité” prestigieux : le duc de Bretagne, Jean V de Montfort. Pourquoi une telle “visite” ?

A l’origine il s’agissait d’un conflit entre deux familles qui prétendaient à la couronne ducale de Bretagne.

D’un côté, Marguerite de Clissonet son époux, Charles de Châtillon, comte de Blois et duc de Penthièvre possédaient les terres de Bournezeau.

D’un autre côté, la famille Montfort, dont le père de Jean V est devenu seul duc de Bretagne après sa victoire sur la famille Blois-Penthièvre en 1364.

N’ayant pas renoncé au duché de Bretagne, Marguerite de Clisson fit arrêter Jean V et son frère Richard à Champtoceaux en février 1420. Ils sont emprisonnés successivement dans le château de Clisson, dans celui de Vendrennes, puis dans celui des Essarts et enfin dans le château de Bournezeau. Notre “invité” n’était donc pas libre de ses mouvements. Nous ne savons pas combien de temps a duré l'incarcération à Bournezeau.

La femme de Jean V, Jeanne de France, fille du roi de France Charles VI, réagit. Avec l’aide des barons bretons, elle a fait pression sur Marguerite de Clisson en s’emparant puis en rasant le château de Champtoceaux. Marguerite a donc été contrainte de libérer ses prisonniers.


Mariage de Jean V et de Jeanne de France.

La seigneurie de Bournezeau fut alors confisquée au profit de Richard.

Un château au cœur d’une guerre féodale

A la suite de cet épisode, une garnison de Bretons s’est installée dans le château. Dans les années 1430, des conflits opposèrent différents seigneurs du Bas-Poitou. Ainsi Jean Buor, vassal de Louis d’Amboise, vicomte de Thouars, s’opposa à un autre petit seigneur local, nommé Chabot, qui dépendait de Guy de la Trémouille, seigneur de Bournezeau et donc vassal de Louis d’Amboise.


Armoiries de Guy
de la Trémouille

Armoiries de Louis d’Amboise

Ce Jean Buor a été accusé par un serviteur de Chabot, Guillaume Royrand, d’avoir fait piller en 1430 par les Bretons de la garnison du château de Bournezeau sa terre de la Girardière (il s’agit probablement du village de la Girardière au Tablier). A cette époque la Trémouille avait placé des garnisons à Sainte-Hermine et Mareuil-sur-Lay. De son côté Louis d’Amboise avait fait défendre par des Bretons : Fontenay, Vouvant, Mervent, Palluau, les Essarts et Bournezeau. Il est évident que  toute la région a été pillée et saccagée par ces gens de guerre à la solde de grands seigneurs rivaux et jaloux de leur puissance. D’après Louis Brochet, dans son livre “La Vendée à travers les âges”, le roi Charles VII les menaça des peines les plus sévères, ce qui obligea leurs chefs à mettre fin à leurs brigandages.

Les guerres de religion à Bournezeau (1559 - 1598)

Au XVIème siècle Bournezeau est secouée par de nouveaux troubles nés du progrès du protestantisme dans l’ouest du royaume.

En 1559 Charlotte de la Trémouille, baronne de Bournezeau, épousa Rouhault du Landreau. Ce dernier embrassa dans un premier temps la cause protestante et semble avoir mis un terme au culte catholique dans la paroisse puisque l’évêque de Luçon, Baptiste Tiercelin, écrivit une protestation au roi de France Charles IX en 1565 :

(…) en l’église et paroisse de Bournezeau, située au-dedans du château, ayant le seigneur dudit lieu fait fermer et maçonner la grande et 1ère entrée de ladite église, de sorte qu’il n’est pas possible d’y entrer sinon par le dedans de la cour du logis du seigneur, lequel fait profession de la religion prétendue réformée. Outre, fait servir ce corps de l’église d’une grange, laquelle est toute garnie de foin et paille et le ballet de ladite église d’étable à chevaux (…) »

Sous la protection du seigneur, un pasteur devait probablement prêcher dans la paroisse.

Mais voilà que Charles Rouhault du Landreau abjura le protestantisme dans les années 1568-1569 et devint fervent catholique.

D’après Louis Brochet, le 8 avril 1568 l’église de Bournezeau fut saccagée par les protestants (appelés également huguenots).

Un an plus tard, une troupe protestante venant de la Rochelle, Niort et Fontenay, profita de l’absence de Rouhault parti occuper militairement Tiffauges et Montaigu, pour s’emparer de Bournezeau en avril 1569. Les prisonniers huguenots qui se trouvaient alors dans la prison du château de Bournezeau furent libérés.

La tradition locale affirme que la prison existe toujours. Il s’agit du bâtiment qui sert de garage à M. et Mme Bernereau, près des toilettes publiques de l’église.

En août 1588, Henri de Navarre, chef des protestants et futur roi Henri IV, sillonnait notre région avec ses troupes. Il ne redevint catholique que l’année suivante pour ceindre la couronne royale. Le 9 août il était à Luçon ; le 10 il passa la nuit à Bournezeau, probablement dans le château, avant d’aller guerroyer dans la région de Montaigu occupée par des troupes catholiques.


Portrait de Henri de Navarre, futur roi Henri IV

Il y écrivit de sa main cette lettre.

"M. de la Roussière, Je vyens darryver an ce lyeu pour aller secouryr les nostres quy sont asyégés à Montegut. Je vous prye de [me venir trouver] demeyn à mydy a Saynt Fulgean avec vos [amis] et d’amener avec vous vos frères. Il faut [faire] dylygence et ne perdre ceste ocasyon. De Bournevau ce mercredy à troys heures après mydy Xe aoust.
Vostre plus assuré amy.               Henry.

Il fut rejoint à Bournezeau par la compagnie de gendarmes commandée par La Boulaye et par une compagnie d’arquebusiers à cheval.

Un climat de guerre civile a donc régné dans la région pendant plusieurs décennies. Le château de Bournezeau a été tantôt occupé par les catholiques, tantôt par les protestants. La paix ne revint qu’en 1598 avec l’édit de Nantes qui reconnaissait le culte protestant.

Le pillage de Bournezeau par l’armée du gouverneur du Poitou (1622)

En 1622 de nouveaux affrontements opposèrent les catholiques et les protestants. Le roi Louis XIII et son ministre Richelieu, craignant de la part de ces derniers la constitution d’un état dans l’état, décidèrent de mettre un terme à la guerre en occupant militairement notre région du Bas-Poitou qui regroupait encore de nombreux huguenots.


Louis XIII(1622-1625)Portrait par Rubens.

Aussi, en mars 1622, l’armée sous les ordres du comte de la Rochefoucault, gouverneur du Poitou et proche du roi Louis XIII, occupa Bournezeau pendant 5 jours. Cette occupation ruina la paroisse. Les soldats se livrèrent à un pillage en règle et dévastèrent tout ce qu’ils purent. Bournezeau payait peut-être sa prise de position en faveur des protestants quelques décennies plus tôt.

Quoiqu’il en soit, les habitants s’en plaignirent au duc de la Trémouille, seigneur de la baronnie de Bournezeau, dans un procès-verbal daté du 24 mars 1622 :

« Aujourd’hui 24ème jour du mois de mars 1622, ce requérant les procureur fiscal de la baronnie de Bournezeau et procureur syndic de la paroisse d’icelui Bournezeau (…) sur ce qu’ils nous ont remontré que, au logement au bourg et château dudit Bournezeau de l’armée de M. le comte de la Rochefoucault, gouverneur du Poitou, plusieurs ruines de maisons et agats infinis avaient été commis et perpétrés par les gens de guerre dudit sieur comte, nous nous sommes transportés (…) :

Premièrement au château dudit lieu,(…) que la compagnie des gardes dudit sieur comte avait été mise audit château et les officiers de l’artillerie, avec tout leur train et attirail de ladite artillerie, qui faisaient en nombre plus de 150 chevaux ; lesquels officiers et suite de ladite artillerie firent consumer tous les foins et pailles dudit fermier, brûler et consumer tout le gros et menu bois d’icelui et grande quantité de bois de charpente qui était audit château, pris et consumé les vins, bleds et autres provisions dudit fermier, ensemble la plus grande part de ses avoines de rentes, que les gens dudit sieur comte emportèrent et firent emmener à discrétion, en présence de plusieurs chefs de ladite armée.

Et delà nous sommes transportés au jardin dudit château, auquel avons trouvé grand nombre d’arbres coupés de hauteur de genou,  et en icelui jardin plusieurs endroits auxquels avaient été faits plusieurs feux par lesdits soldats de ladite armée, qui brûlèrent tous les pieux et palisses de l’enceinte d’icelui jardin, en sorte qu’il est maintenant comme une campagne déserte et à l’abandon des bêtes et de toutes sortes d’animaux.

Et delà nous nous sommes transportés aux trois moulins tant à vent qu’à eau de ladite seigneurie, auxquels moulins ils ont fait brûler les portes, bois et gros madriers (…)

Nous a aussi requis ledit procureur-syndic de voir le piteux état auquel est à présent réduit le bourg dudit lieu, lesquelles ruines ont été pareilles et semblables en tous les autres endroits du bourg, à présent entièrement ruiné, désert et abandonné de la plus grande part desdits habitants qui ont voulu échapper à la furie et cruauté desdits gens de guerre, qui étaient en nombre de 4000 hommes de pied et 2000 chevaux, séjournant 5 journées lesquelles ils ont pillé et mis au sac tout ledit bourg et paroisse, en laquelle il n’y a demeuré ni foin, paille, ni bleds pour la nourriture du résidu du peuple, à présent contraint de mendier (…)

Les jardins du château avec leur nom d’après le cadastre
1 Le grand jardin
2 Le bas jardin [entouré par un fossé en eau en 1825]
3 Jardin des écuries

Allant de la Roche-sur-Yon à Sainte-Hermine, le roi Louis XIII passa à cheval dans le bourg de Bournezeau peu de temps après ces destructions, le 21 avril 1622. Vit-il les ravages de l’armée de la Rochefoucault ? Nous l’ignorons comme nous ignorons la réaction du duc de la Trémouille.

Le château au XVIIème et XVIIIème siècles

La duchesse de la Trémouille a vendu la baronnie de Bournezeau le 24 février 1629 à Jean Bardin, conseiller du roi, président de la chambre des comptes, cour des aides et finances de Bourgogne, pour la somme de 80 000 livres.


Les dépendances agricoles du XVIIème siècle
(façade sud-ouest).

C’est à cette époque que le château dévasté connut une phase de reconstruction. Jean Bardin fit bâtir une gentilhommière dans le cœur du château et, probablement avec les pierres du château, une vaste dépendance à vocation agricole qui existe toujours.

Les façades de ce bâtiment sont ponctuées de nombreuses petites ouvertures de forme romane et en granit. On y trouve de nombreux greniers, une vaste grange et une salle remarquable dite “des gardes” qui a servi d’écurie. Maurice Bedon l’a décrite ainsi :

« Six grosses poutres sont soutenues par des croisillons arrondis reposant sur douze piliers hexagonaux en bois. Les sculptures de ces derniers prennent la même forme que des colonnes, avec piédestal, fût, moulures et chapiteau »

La salle dite "des gardes.”
Elle peut faire penser à une chapelle.

Vers 1640, la fille de Jean Bardin, Françoise,épousa Henri de Creil, maître de requêtes. Par ce mariage, Henri devint baron de Bournezeau. La famille Creil allait prendre de l’importance auprès de Louis XIV. Ce dernier, en récompense des services rendus, éleva la baronnie de Bournezeau en marquisat en avril 1681 : le seigneur de Bournezeau porterait désormais le titre de marquis. Le premier à le porter fut Jean de Creil, fils d’Henri de Creil.

Le personnel du château aux ordres du seigneur de Bournezeau
(fonctions trouvées dans les registres paroissiaux)
CLERGEAU Jacques Portier du château 1690
BORDIER Jean Greffier - Concierge au château 1704
GAILLARD Jean Receveur du château 1705
GAILLARD Jean Notaire royal - Fermier du château 1782

Marie Suzanne Françoise de Creil, petite-fille de Jean de Creil et veuve de Paul François de Beauvillier, rendit un aveu au duc de la Trémouille. Un aveu est une déclaration écrite que devait fournir le vassal (Mme de Creil) à son suzerain (le duc de la Trémouille) lorsqu’il entre en possession d’un fief (le marquisat de Bournezeau). Nous avons ainsi une description intéressante du bourg de Bournezeau à cette époque :

« Description de ce que nous tenons à notre domaine. Premièrement, notre chasteau, sis au bourg de Creil-Bournezeau, avec trois jardins en dépendans, y joignans, enclos de murailles et de fossés, au dedans duquel est notre église de notre paroisse de Creil-Bournezeau, consistant en un grand corps de logis, plusieurs chambres basses et hautes, cour, cave, cellier, grange, écuries, toits, fuyes, et contenant le tout douze boisselées ou environ, tenant d’une part au chemin qui conduit de notre bas bourg dudit Bournezeau à St-Hilaire-le-Vouhis, d’autre à notre allée qui conduit de notre chasteau à notre forêt, d’autre à notre estang et d’autre au chemin qui conduit à notre église et à notre estang ;

Item, nos halles dudit lieu de Bournezeau tenant d’une part audit chemin qui conduit de notre bas bourg dudit Bournezeau à St-Hilaire-le-Vouhis, d’autre à celui qui conduit de notre chasteau à la maison des Humeaux (…) ;

Item, notre four banal avec un emplacement où autrefois estaient nos halles, tenant d’une part aux fossés de notre chasteau, d’autre au chemin qui conduit de notre bas bourg aux Humeaux (…) »

Les dépendances agricoles du XVIIème siècle
(façade nord-est).

Le 5 octobre 1781, Jean-Pierre Loyau, procureur fiscal de Bournezeau, écrivait dans une lettre destinée au seigneur de la paroisse :

« (…) Je n’ai vu aucune réparation urgente sur les dépendances du château de Bournezeau, si ce n’est au four banal où il manque 2 pièces ou poutres, que je compte faire mettre aussitôt les vendanges. (…) Oui, Monsieur, il y a un château qui est très vaste et en assez mauvais état excepté les couvertures. (…) Le reste [du château] n’est point habité, il y a dans les chambres basses des matériaux qui sont destinés pour les réparations du château et dépendances comme lattes, plancher, soliveaux, etc. Les fermiers habitent un autre appartement séparé du château par une autre cour. Il y a au château un chartrier (…) »

Le chartrier était le lieu où étaient placées toutes les chartes qui dépendaient de la seigneurie de Bournezeau comme, par exemple, les titres de propriété, le montant des impôts…

Peu avant la Révolution de 1789, le château semble donc dans un état convenable puisque des réparations ont dû être réalisées. La guerre de Vendée va changer la donne.


Sous l'Ancien Régime Bournezeau appartenait à l'élection de Fontenay-le-Comte qui comptait 172 paroisses.
Il y avait dans les années 1730, deux prisons royales
(Fontenay-le-Comte et la Châtaigneraie)
et neuf prisons seigneuriales :
la Châtaigneraie, Vouvant, Luçon, Sainte-Hermine, Mareuil, Puybelliard, la Chaize-le-Vicomte, Coulonges et Bournezeau.

Le château pendant la guerre de Vendée (1793-1799)

La révolte vendéenne commença en mars 1793. Bournezeau était considérée comme une situation intéressante. Une garnison vendéenne fut alors placée dans le château comme l’indique cette lettre écrite le 5 avril 1793 par Bulkeley, chef vendéen à la Roche-sur-Yon :

« J’ai ordonné au détachement de rentrer [de Bournezeau] en lui recommandant d’organiser comme partout ailleurs et de prier M. de Verteuil d’y envoyer un détachement pour occuper le château étant à portée et cette place étant une bonne position militaire. »

Pendant près de 5 mois, Bournezeau fut occupée par les insurgés vendéens sous les ordres de Jean-Pierre Loyau qui avait alors le rôle de maire, et de Gabriel Cautereau, charpentier de son état et commandant de la paroisse. D’après ce dernier, dans une lettre datée du 12 avril, la garnison de Bournezeau comptait 300 hommes.

A partir de juillet 1793, la pression des armées républicaines s’intensifia. A la demande de Baudry d’Asson, commandant vendéen qui occupait Bournezeau à cette époque, Saint-Pal, chef vendéen au Tablier, lui promit le 1er juillet 1793 des renforts :

« Monsieur d’Asson se trouve avoir besoin de monde pour la défense du château de Bournezeau que les ennemis proposent d’attaquer cette nuit ou demain matin. Pourquoi il m’a demandé 300 hommes que je lui ai promis. »

Après plusieurs alertes sérieuses provoquées par les armées républicaines, la garnison vendéenne fut obligée d’évacuer la paroisse vers le 20 août 1793. Dès lors commença la répression républicaine.

Le 19 septembre 1793, le général républicain Beffroy écrivit au ministre de la guerre et lui indiquait les mouvements effectués par la division de Luçon :

« (…) J’avais fais partir, le 12, le général L’Échelle avec 2 500 hommes, pour nettoyer ma gauche Il s’est porté à Creil de Bournezeau, a chassé devant lui tout ce qui s’est présenté, incendié tout ce qui servait de repaires aux brigands, et a fait passer sur le derrière de l’armée tous les bestiaux qu’il a pu trouver (…) »

Il est probable que certains villages de Bournezeau et le château aient été incendiés par cette colonne.

Six mois plus tard, le 29 mars 1794, une nouvelle colonne républicaine s’avança sur Bournezeau. Elle était commandée par Bardou qui exécutait les ordres du général Turreau, instigateur des Colonnes Infernales qui avaient pour but de détruire la Vendée. Voici son compte-rendu écrit le lendemain :

« (…) J’en suis parti [de Saint-Ouen] le 9 [germinal] à 8 heures du matin après avoir incendié tout le bourg pour St-Vincent-Fort-du-Lay. Nous nous sommes ensuite portés sur Bournezeau où nous n’avons incendié que la moitié du bourg, le château et les moulins, à défaut de charrette toutes les métairies, moulins le long de notre route ont été réduits en cendre (…) »

Il concluait en indiquant qu’il incendierait le restant du bourg plus tard. Nous ignorons s’il réalisa son projet. En plus du château, nous savons que le presbytère de Bournezeau a été incendié pendant la guerre de Vendée.

Dans les années 1796-1797, la situation à Bournezeau était calme, notamment grâce à la présence d’une troupe républicaine basée peut-être dans ce qu’il restait du château.

Le 11 décembre 1799, arrivèrent à Bournezeau près de 200 soldats vendéens. Les Républicains de la commune, au nombre de 19, se réfugièrent dans leur corps de garde installé en haut des remparts du château. La situation dégénéra rapidement. Sous la menace des Vendéens, ils furent contraints de quitter leur position. En janvier 1800 la paix est signée entre le gouvernement et les insurgés de l’Ouest.

Cet épisode marque la fin du rôle militaire du château de Bournezeau. Ce dernier ainsi que les terres qui en dépendent, furent vendus comme bien national et achetés vers 1798 par un dénommé Rabaud des Moutiers-sur-le-Lay.


La gentilhommière aujourd’hui.

Place des trois-canons au début du XXème siècle.

Le propriétaire actuel est monsieur Moitié. Il ne reste du château aujourd’hui que les imposantes dépendances agricoles, la gentilhommière, le jardin entouré d’un profond fossé et l’éventuelle prison.

Vincent Pérocheau

Sources
- Abbé Aillery, Les Chroniques paroissiales.
- La société d’émulation de la Vendée, série IV, volume 5 (Archives Départementales de Vendée ou ADV).
- Cadastre et registres paroissiaux (ADV)
- Maurise Bedon, Le canton de Chantonnay.
- Louis Brochet, La Vendée à travers les âges.
- J. J. Savary, « Guerres de Vendée et des Chouans », tome 2.
- L.190, ADV.
- W. 22, Archives Nationales, Paris
- Collection Dugast-Matifeux, médiathèque de Nantes