Le confort que nous connaissons depuis l’arrivée de l’électricité et de
l’eau courante dans nos habitations date de moins d’un siècle. Les plus
anciens se souviennent encore des contraintes que tout le monde devait
supporter autrefois pour se chauffer, se laver, cuisiner, dormir,
s’éclairer… Ce témoignage d’Annette
il y avait deux, voire même trois lits dans la même chambre et souvent deux dans la cuisine qui tenait lieu à la fois de salle à manger, de salon et tout le reste. On l'appelait “la maison”.
Il y avait toujours la cheminée, alimentée toute l'année par le bois que faisaient les hommes l'hiver sur l'exploitation. Les familles étaient d'ordinaire assez nombreuses et comprenaient plusieurs générations.
On cuisinait sur le feu, la marmite cuisait la soupe, que l'on mangeait au moins à deux repas sinon trois. Elle était composée alternativement de poireaux, pommes de terre, carottes, rutabagas, choux pommes ou choux verts.
Devant le feu, dans un petit pot en terre, cuisait “la mogette” (haricots blancs). Elle paraissait sur la table à tous les repas.
C’est dans la cheminée que l’on chauffait de l'eau dans une marmite, directement sur le feu pour faire la vaisselle et préparer des bouillottes pour réchauffer le berceau.
Le matin, on pouvait aussi faire griller le pain à l'aide d'un grille-pain en fil de fer travaillé pour servir à cet usage. Il y avait aussi le grille-viande que l'on mettait sur la braise. Mais on n’avait pas tous les jours de la viande à consommer. C’était celle des cochons que l'on engraissait à la ferme, des lapins que tout le monde élevait et des volailles de la basse-cour.
On pouvait cuire aussi les pommes puisque tous en récoltaient
Avec les portes qui n'étaient pas justes, on ne risquait pas d'étouffer. Comme les cheminées, pour la plupart, fumaient beaucoup, il fallait toujours avoir une porte ouverte, ce qui fait que l'on se chauffait trop fort par devant et que l'on se gelait par derrière.
Dans presque toutes les maisons, le long d'un mur, souvent devant une fenêtre, était construit “le potager”, fait généralement en briques.
Le bas servait de petit placard. Le milieu permettait de réceptionner les cendres. Le dessus était une table carrelée avec deux ou trois trous, faits en plâtre, avec une grille par trou. Dans chaque trou, on mettait la braise pour faire chauffer ou réchauffer les plats.
Le sol des maisons était en terre battue. Avec le temps, des trous se formaient. En apprenant à marcher, les enfants trébuchaient sur ce sol dénivelé. Les anciens aussi.
Dans la plupart des grandes fermes, lorsqu'on entrait, on se trouvait dans “un corridor”. Une porte donnait accès à l'escalier pour monter au grenier. D'un côté la porte de la maison (cuisine très grande), de l'autre la porte de la chambre et au fond la porte de la laiterie contenant l'écrémeuse. On y déposait le lait puisqu'on faisait le beurre. Cette pièce, ainsi que la cave appelée aussi cellier, était la plus fraîche de la maison. Elle n'était jamais chauffée même en hiver.
Pas de réfrigérateur ni de congélateur puisqu'il n'y avait pas de courant électrique, qui chez nous est arrivé en 1950. à la Mathurine)
Le long de la maison ou à l'arrière, étaient les dépendances : ou débarras où était le four. L'été on y cuisinait et on un fournil y faisait du feu, ce qui permettait de garder les maisons plus propres et aussi plus fraîches. La braise conservée permettait de réchauffer la soupe du lendemain matin.
Malgré tous ces inconvénients, ces manques de confort, la vie à la campagne n'était pas triste. Les familles, les voisins se réunissaient et souvent faisaient des veillées l'hiver. On riait beaucoup, on jouait aux cartes, les jeunes à d'autres jeux : nain jaune ou autres. Ceux qui recevaient préparaient des gourmandises. Aux alentours du mardi-gras, c'étaient gaufres, crêpes, tourtisseaux.
Les hommes aimaient boire le vin chaud. Avec les pommes, on faisait du cidre