Marcel DEVAUX, des Gâts de Saint-Vincent-Puymaufrais, avait 81 ans quand il a été interviewé par le journal Ouest-France en 1968. Marcel était invité à parler de sa vie pendant la guerre 14/18. Le journal a présenté une photo jaunie, qui date de 1915, et qui a été prise dans l'Oise, lors d'un grand repos où sa femme avait été autorisée à aller le voir et Marcel DEVAUX, d'évoquer des souvenirs sur la Dion Bouton, qu'a utilisée Georges CLÉMENCEAU.
Malgré son âge, Marcel DEVAUX a gardé une mémoire fidèle. Il n’a
plus conduit depuis la guerre 1914-1918, mais sur la période qu'il a vécue
auparavant, que de souvenirs !
Il a été incorporé dans un régiment de cuirassiers puis a été muté
au train-auto.
Il a piloté successivement une Renault (18 CV), une
Panhard-Levassor détruite à Verdun et une De-Dion-Bouton
(8 cylindres).
Marcel a connu l'ingénieur BOUTON lors de son service militaire.
Il a donné des leçons de conduite au marquis DE LESPINAY avant
1914.
Parmi ses souvenirs, il rappelait qu'il avait conduit, pendant la
guerre 1914-1918, plusieurs généraux : DE MAUDHUY, DUBAIL,
DUCHÊNE, MICHELAER et également le commandant Albert CLEMENCEAU, (plus
jeune frère du Tigre), à Abbeville. Il est demeuré en France au lieu de
partir à Salonique, grâce à ce dernier, lui ayant répondu « Je ne sais pas
nager pour traverser la mer.»
Il a aussi piloté Georges CLEMENCEAU, à Carency (Pas-de-Calais).
Celui-ci était avec le ministre des finances de cette époque. Il a conduit
le général NIESSEL au Chemin-des-Dames, M. HIROCHAUER ancien sénateur du
Bas-Rhin et le général BORDEAUX chez le général GÉRARD. Cela en pleine
nuit avec comme seul éclairage les bougies; car les lampes à acétylène,
trop voyantes, ne pouvaient être utilisées.
Il a terminé la guerre à SARREBRUCK avec le général HANDELAUER.
Marcel est né le 6 mars 1887. Au retour de son service militaire,
en septembre 1910, Marcel a été chauffeur chez le docteur RAMBAUD de
Chantonnay. Après un an et demi de service, son patron lui a suggéré qu’il
serait peut-être mieux de passer son permis de conduire. Il fit
alors les démarches et il obtint son permis le 17 juin 1912.
Marcel était le 6ème d’une famille de 8 garçons. Sur les
huit, six sont partis à la guerre en août 1914.
Fait exceptionnel, ils sont tous revenus vivants ; C’est
tellement rare que cela mérite d’être souligné.
Marcel DEVAUX s’est marié le 16 juin 1914 à Chantonnay avec Marie BOURDET née le 13 juillet 1893 au Fuiteau de Chantonnay
Marie DEVAUX a rejoint Marcel, son mari, soldat à Senlis dans l’Oise en
juin 1915
Marcel DEVAUX s’est donc marié un mois et demi avant la déclaration
de la guerre en août 1914. Les mariés ont dit que le mariage aurait été
repoussé si cet évènement avait été connu.
Marcel fut en effet incorporé le 3 août 1914.
En juin 1915, il était dans une caserne de Senlis, dans l’Oise.
Marcel ne pouvait venir voir sa femme en Vendée. Il envisagea alors, avec
l’aide d’un officier, de chercher près de la caserne une famille de
Senlis qui pourrait l’accueillir quelques semaines. Après l’avoir
trouvé, il proposa à sa femme de venir le rejoindre quelques temps à
Senlis.
Devant cette opportunité, Marie s’est beaucoup interrogée avant de
faire ou non ce
voyage. Elle se disait : « Si je n’y vais pas et que mon mari
décède à la guerre, je le regretterai toute ma vie. »
Finalement, malgré une forte opposition de sa famille, elle décida
d’y aller. Mais elle n’était jamais sortie de chez elle et le voyage
comportait beaucoup d’inconnu. Il fallait en effet prendre le train, le
métro, etc… Une vraie aventure, mais Marie était d’une nature plutôt
affirmée.
Marcel a pu alors revoir son épouse dans cette famille qui n’avait
aucun lien de parenté avec lui. Le séjour à Senlis a duré trois mois. Cet
épisode a marqué leur vie.
Au cours de ce séjour à Senlis, une photo a été prise (ci-dessous).
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Marcel est au volant à côté de son épouse et avec toute la famille qui a
accueilli Marie à Senlis
C’est avec cette voiture que Marcel a conduit CLÉMENCEAU et
d’autres généraux pendant la guerre 14/18.
Marcel a été libéré le 11 juillet 1919. Il a retrouvé alors son
épouse au village du Fuiteau de Chantonnay.
Le 25 décembre 1920, Marcel vint s’installer, avec son épouse, dans une
petite ferme, au lieu-dit “Les Gâts”, où il est décédé le 3 novembre 1975.
Marcel DEVAUX a vécu 55 ans à St-Vincent-Puymaufrais.
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