En fouillant dans les étagères du garage de mon père, j’ai trouvé
une caisse en bois, ça faisait plus de 50 ans qu’elle dormait ici, et tout
de suite, rien qu’à voir cette caisse je savais ce qu’il y avait dedans….
Les souvenirs d’enfants revenaient en pagaille… C’était tout le matériel
et les outils qu’il fallait pour fabriquer les cartouches.
Dans les années 50-60, les armuriers étaient rares autour de nous.
Il y avait bien Paul Gouin à la Roche s/Yon et c’est tout. La Roche était
loin et les moyens de transports plus aléatoires qu’aujourd’hui, donc on
profitait d’un passage exceptionnel à la Roche pour acheter poudre,
plombs, amorces, bourres, etc…Et 2 ou 3 fois l’année, mon père et mes
oncles qui chassaient ensemble se mettaient autour de la table de la
cuisine pour fabriquer leurs cartouches avec bien sûr la bouteille de
rouge au milieu de la table.
Les cartouches étaient en carton, récupérées chaque dimanche pour
être réutilisées, les plombs rangés dans des anciennes boites de
médicament par dimension, la dosette, le petit entonnoir, les bourres,
tout était bien rangé avec soin dans cette caisse qui était entreposée sur
une étagère du haut hors de portée des enfants. Dans cette boite il y
avait aussi le certificat de conformité du fusil, les cartes d’invités, le
permis de chasse…
Quand mon père et mes oncles fabriquaient leurs cartouches, mon
frère et mes cousins qui étaient plus grands que moi avaient le droit de
tourner la manivelle de la sertisseuse, de verser la poudre dans les
cartouches ou de remplir la petite dosette de plomb.
Chacun avait sa tâche :
* Enlever l’amorce de l’ancienne cartouche
* Mettre la nouvelle amorce
* Doser et mettre la poudre
* Mettre la bourre, le carton
* Doser et mettre les plombs de la bonne dimension 2, 4, 6 ou 8
* Mettre la dernière rondelle de carton
* Sertir.
Moi, je les regardais faire les yeux grands ouverts, juste à
hauteur de la table, en insistant pour que mon père remette dans les
cartouches les plombs que j’avais trouvé dans le gibier dégusté depuis les
mois précédents et que j’avais gardé soigneusement dans une petite boite,
car ce sont «
Il faut dire que nos chasseurs revenaient rarement bredouilles le
dimanche, et il y avait souvent du lapin, du lièvre, de la perdrix ou du
faisan à manger dans la semaine (il n’y avait pas de congélateur) et j’ai
aussi en mémoire, la rangée de gibier alignée dans la souillarde quand il
y avait des chasseurs invités.
Merci aux anciens chasseurs qui m’ont aidé à remonter le temps.