Pont de bois sur le Lay au Petit Trizay

  Le nouveau tronçon de la route nationale 148, entre la Mènerie et Trizay, a été mis en service fin 1859. Auparavant, la route de Sainte-Hermine filait tout droit par le Petit-Trizay. C’était la route Napoléon. Pour traverser le Lay, un pont de bois avait été mis en place en 1806. Le passage du Lay dépendait autrefois de l’abbaye de Trizay.

  Notons que les travaux de ce contournement et la création du Pont de pierre à Trizay ont été adjugés le 12 juillet 1856. La mise en service s’est faite le 31 décembre 1859. Par ailleurs, Avant la construction du pont de pierre, il y avait un gué à cet endroit.

  Avant la création du pont de bois, il y avait un passeur. Mandaté pour cette fonction, il faisait monter les passagers dans la barque prévue à cet effet, pour les faire passer d’une rive à l’autre.

  On ne sait pas depuis quand existait ce passeur, mais on sait qu’il y avait la maison du passeur, sur la rive opposée, sur la commune de Sainte-Pexine.

  Cette maison existait en 1736. À ce moment le passeur s’appelait François Bourreau. Il se plaignait de la vétusté du bateau « pourid et qui prend l’eau, étant même arrivé quelques accidant… ».

  Il réclamait une nouvelle barque neuve. Selon les archives de l’Abbaye de Trizay, un bateau neuf d’une valeur de 400 francs fut commandé et payé par l’Abbaye le 31 juillet 1736. Un pont de bois fut construit 70 ans plus tard.


Emplacement du pont de bois. Il reliait la route du Petit Trizay à celle de Sainte-Hermine  par le chemin de la Suerie.

  Après la construction du pont de bois en 1806, la maison du passeur a continué d’être habitée. Le dernier locataire est une famille Biret qui y aurait vécu jusqu’en 1914.

  Nous n’en avons pas connaissance, mais le passage du Lay en barque a certainement dû provoquer des accidents.

  Les travaux de construction du Pont de bois ont dû commencer en 1806, car la date des soumissions pour l’adjudication des travaux a eu lieu le 12 décembre 1805 au secrétariat de la Préfecture. Les travaux concernaient le pont de bois et l’empierrement des 820 mètres de chemin qui conduit jusqu’à la rivière, chemin situé à environ 400 mètres de la Mènerie. Le montant des travaux était estimé à 87 100,99 francs.

  Les pierres nécessaires pour l’empierrement du chemin ont été prises dans différentes petites carrières, mais beaucoup ont été ramassées dans les champs à environ 1500 mètres du chemin

  La construction du pont s’est terminée en 1807, mais on a pu commencer à l’utiliser dès la fin de l’année 1806. Ce pont de bois n’existe plus, et aucun témoin vivant ne l’a vu en entier.

  Dans son ouvrage sur l’étude archéologique écrit en 1970, M. Michel Desmarchelier précise qu’il subsistait encore 3 rangées de 12 pieux toujours visibles en basses eaux.


  Les pieux qui supportaient les planches de ce pont de bois étaient encore visibles en dehors des crues, jusqu’en1990, date de rehaussement de la chaussée de Péault, en aval près de Sainte-Pexine.

  Ces pieux étaient posés sur la largeur de la rivière, et tous les anciens consultés pensent que la longueur du pont correspondait à peu près à la largeur de la rivière : environ 12 à 15 mètres.

  La chaussée de Péault est très ancienne. Des plans de 1820 témoignent déjà de son existence, mais elle serait encore beaucoup plus vieille puisqu’un moulin à eau aurait existé à l’emplacement de cette chaussée dès le 15ème siècle. La chaussée appartenait à l’abbaye de Moreilles jusqu’en 1753. Puis, elle a été vendue à un dénommé Jean Guicheteau.

 

La porte de cette chaussée a été baissée en décembre 2020, la baisse de niveau de l’eau à l’endroit du pont de bois nous a permis de constater que les pieux ont totalement disparu.

  Selon les témoins, ces pieux étaient carrés. Ils mesuraient environ 40 cm de côté. Compte tenu de l’espacement des piquets, ce pont de bois pouvait faire près de 4 mètres de large, ce qui est suffisant pour le passage des charrettes à bœufs et des voitures à cheval.

  Les informations venant des Archives Départementales confirment que le pont de bois faisait bien 4 mètres de large. Des madriers de 30 cm de largeur et 10 cm d’épaisseur formaient le tablier du pont.


Reconstitution imaginée du pont de bois sur le Lay au Petit Trizay de 56 mètres de long sur 4 mètres de large


  Dans une lettre des Ponts et Chaussées adressée au Préfet le 26 décembre 1821, il est dit que : « Le plancher du Pont de Trizay est dans un tel état de dégradation que la sûreté des voyageurs peut être compromise d’un moment à l’autre. Il est urgent de le réparer, un second plancher établi sur celui existant me parait être le moyen le plus convenable et le plus économique pour cette réparation

Le plancher en doublure proposé aura 3 m 25 de largeur et 5 cm d’épaisseur et sera fixé dans le milieu sur les madriers de 4 mètres, sur les 56 mètres de longueur. Le cubage de bois sera de 9,10 m3 pour un coût de 577,78 francs. »

Le cubage prouve les 56 mètres : (56 x3,25x 0,05 = 9,10 m3)

  Vers la fin des travaux, le 4 juillet 1807, M. Citoys maire de Puymaufrais prévint le juge de paix qu’un des ouvriers qui travaillait au chantier du Pont de bois au Petit-Trizay s’était noyé en tombant du haut du pont. Il s’agissait de Julien Cateron, 35 ans, originaire de la Creuse. La levée de corps s’est faite en présence du maire et de Jean Legrand conducteur des travaux de Trizay. La déclaration de décès s’est faite en mairie de Puymaufrais le 5 juillet 1807.

Après la mise en service de la nouvelle route par le pont de pierre de Trizay que nous connaissons aujourd’hui, le pont de bois, sur la route Napoléon, n’était plus indispensable pour traverser la rivière, mais il a probablement servi encore quelques années.

 
Pont de pierre près de Trizay en 2021   mis en service le 31 décembre 1859
 

   Henri Rousseau

Sources :
Archives départementales de Vendée, série S : Routes départementales
Ouvrage de 1970 : L'abbaye de Trizay. Étude archéologique Desmarchelier Michel.
Témoignages de Didier Pascreau, Victor Pété, Robert Charneau, Paul Blanchard, James Gandrieau, Daniel Blanchet