La bataille de Champagne : 25 septembre 1915

  Beaucoup de soldats de notre commune étaient en Champagne : un petit territoire de 25 km de long entre la Suippes et l’Aisne. C’est là que l’armée française avait choisi de lancer une offensive le 25 septembre pour percer le front ennemi. En 1922, l’état a acquis la zone de 13 500 Ha comprenant les vestiges des 5 villages entièrement détruits lors des combats ne permettant pas le retour de la population civile, pour en faire le terrain militaire de Suippes (Ripont, Tahure, Hurlus, Perthes-les-Hurlus, et Le-Mesnil-les-Hurlus).

Cette carte montre la petite avancée obtenue en février- mars. Nos soldats eux, attaquèrent à partir de septembre. Les allemands ont attaqué en Argonne, puis les français en Champagne.

À Auberive :  

Alcide Gautier, 30 ans, était né à Bournezeau. Domestique cultivateur, il a travaillé dans plusieurs communes dans les environs de Saintes. Caporal au 8ème bataillon de chasseurs à pied qui avait combattu en Argonne avant d’attaquer à Auberive en septembre, Alcide Gautier a disparu le jour de la grande offensive du 25 septembre 1915. Son nom est sur le monument de Saint-Simon-de-Pellouaille,(17).

Alexandre Jousseaume, 26 ans, est né à Fougeré. Il a été pris à Auberive le 25 septembre 1915 alors qu’il était au 8ème bataillon de chasseurs à pied. Il était prisonnier à Giessen. En 1919, il s’est retiré à Bournezeau à son retour de captivité, puis à Mareuil-sur-Lay.
  

Lorsqu’au soir du 24 septembre, le 8ème quitte le camp de Mourmelon-le-Grand pour aller prendre, dans le secteur d'Auberive, les positions d'où il doit partir à l'assaut, les chants de joie s'échappent de toutes les poitrines. Pas une hésitation, les chasseurs vont à la fête et en témoignent un enthousiasme bruyant que nul ne songe à réprimer. […]
   Moins de vingt minutes après le départ de leurs tranchées, elles atteignaient la troisième ligne ennemie. Ce bond prodigieux ne s'est pas, hélas ! réalisé sans pertes. Les mitrailleuses boches n'ont pas cessé un instant de cracher la mort sur les assaillants. Les vagues d'assaut sont décimées. Pour comble de malheur les corps voisins, à droite et à gauche, n'ont pas pu avancer aussi rapidement, l'artillerie ne reçoit plus de communications et son tir devient moins précis. La situation des chasseurs est critique. […]
   C'est dans cette attaque du 25 septembre que deux chasseurs blessés gravement mirent huit jours pour rentrer dans nos lignes. Laissés pour morts sur le champ de bataille, ils luttent contre la douleur et font taire leurs souffrances durant plus d'une semaine. La nuit ils rampent en se soutenant réciproquement. Le jour ils se dissimulent dans des trous d'obus. En cours de route, ils se ravitaillent en puisant dans les sacs des tués,
(Historique du 8ème Bataillon de chasseurs à pied)

Dans la sape (Dessin de Sem qui s'était déplacé en Champagne)

À Saint-Hilaire-le-Grand en 1915 :

 

  Louis Bougnoteau, 28 ans, de Bournezeau (Villiers) a été blessé au cuir chevelu le 25 septembre. Hospitalisé d’abord à Saint-Pierre de Talence en Gironde, il a été transféré à l’hôpital de Lorette à Bordeaux du 11 novembre au 7 janvier 1916. Du 23 février au 16 mars il était à l’hôpital complémentaire n° 35, puis au dépôt des convalescents “Faucher” de Bordeaux jusqu’au 30 mars où il a été mis en congé de convalescence illimité. Il a été réformé le 28 mars 1916 (perte de substance osseuse sur 16 mm de large sur 9 cm de long, vertiges). Comme Alcide Gautier, il était au 8ème BCP.

  Georges Marot, 20 ans, de Puymaufrais (Augoire), au 155ème R.I., est décédé de ses blessures le 1er octobre1915.

 
Le 25 septembre 1915, l’attaque prévue se déclenche. La première ligne allemande est enlevée et malgré des résistances locales la progression continue vers la deuxième position. Le soir le régiment se regroupe, il a pris 2 canons de campagne au “Bois 12”, 400 prisonniers, dont 2 officiers. Le 27, le régiment réussit une attaque sur la tranchée de Védégrange. Le 1er octobre, des compagnies du régiment participent à une attaque locale.
(Journal de marche du 155ème R.I.)
Les "Territoriaux" faisaient beaucoup de corvées (dessin de Sem)

À Beauséjour en 1915 :

   À l'origine simple ferme, construite en 1820 le long du chemin reliant Minaucourt à Mesnil-les-Hurlus, Beauséjour constituait en 1914 un hameau dépendant de la commune de Minaucourt, que les habitants avaient dû évacuer le 2 septembre. Pendant toute la guerre, ce hameau dominé par un fortin aménagé dès 1914 par les Allemands, fut l'objet de combats meurtriers. 

(http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/1GM_CA/villages_detruits/beausejour.htm).  

  Le 17 février 1915, Louis Chataigner, dont le père était chaisier à la Borelière de Bournezeau, a disparu à 26 ans dans la tranchée de Beauséjour. Il était au 84ème R.I. Son décès a été transmis à Paris. Il avait résidé aussi en Meurthe-et-Moselle. Son nom est inscrit sur le monument de Bournezeau.  

Le 16 février, le 3ème bataillon fait une première attaque, entre le Bois-de-la-Truie et le bois-des-Trois-Coupures. À 10 heures, magnifiquement, comme à l'exercice, les 10ème et 12ème compagnies, qui étaient sorties à plat ventre en dehors des tranchées, s'élancent à l'assaut et, d'un bond, tombent dans les tranchées ennemies. Elles y livrent avec les défenseurs une lutte sévère. Les pertes sont sérieuses. La 11ème compagnie est envoyée en renfort. La 10ème compagnie (compagnie de droite) a de lourdes pertes. Les hommes tombent constamment sous les feux d'enfilade venant de la droite.
(Historique du 84ème Régiment d'Infanterie)

  Le 27 février, Flavien Briaud de Bournezeau (Fremier) a été blessé par balle à la main gauche. Il avait eu une première blessure le 1er octobre 1914 avec le 137ème R.I. : une balle lui avait perforé le pied gauche. Revenu aux armées le 12 octobre au 19ème R.I. (vers Tahure) il a été blessé une 3ème fois par balle au bras gauche et à l’index gauche le 2 novembre en posant des fils de fer à quelques mètres de la tranchée ennemie. Il a été réformé en 1916. Son frère cadet, Aristide, avait aussi été réformé le 16 juin 1915 pour “pleurésie purulente”.

  

En Champagne, du 25 Février au 6 Mars 1915, le 87ème participe dans une très large part à l’enlèvement de la cote 196, au Nord de Mesnil-Les-Hurlus, ne lâchant pas un pouce de terrain malgré la violence des contre-attaques ennemies menées par des troupes fraîches de la Garde Prussienne.
   Au cours de ces journées glorieuses, le 87ème a subi des pertes cruelles. Officiers : 11 tués, 16 blessés, 1 disparu ; Hommes : 180 tués, 600 blessés et 400 disparus, la plupart tués dans de violents corps à corps.
(Historique du 87ème R.I.)

  Le 26 septembre, Pierre Briaud, (frère de Flavien et Aristide) 31 ans, de Bournezeau, a été tué à Mesnil-les-Hurlus. Il était alors au 137ème R.I. Domestique cultivateur, il avait travaillé dans plusieurs communes avant la guerre. Depuis juin 1914, il habitait Saint-Étienne-du-Bois. C’est là que son décès a été transcrit.

  Le 28 février 1915, René Ardouin de Bournezeau (Berjonnière) a été blessé à la tête par un éclat d’obus. Il était clairon au 3èmeR.I.C. Il avait travaillé de 1906 à 1909 dans les chemins de fer, mais avait démissionné. En 1914 il avait été rappelé à 34 ans. Il est revenu au combat le 27 février 1916, puis a servi en Algérie du 24 septembre 1917 au 14 avril 1918. Il a été libéré le 3 mars 1919.

 
Cependant, l’ennemi veut à toutes forces reprendre le fortin [de Beauséjour] si âprement disputé ; il lance quatre contre-attaques successives. La dernière, faite le 28, à 8 heures, est d’une violence inouïe. Rien ne peut faire lâcher prise aux héroïques compagnies du 3ème R.I.C. ; Malgré le manque de vivres, malgré la pluie, malgré la fatigue des survivants, tous les efforts de l’ennemi échouent.
(Historique du 3ème Régiment d’Infanterie Coloniale)

  Octave Naulet, 32 ans, était au 1er régiment d’Artillerie Coloniale. Né à Bournezeau, il habitait à Chantonnay depuis 1908. Il est décédé de maladie à l’hôpital de Chalons-sur-Marne le 30 mai 1915. Sa tombe, est dans le carré militaire de l’Est du cimetière de Chalons-en-Champagne.

  

Le 1er régiment d’artillerie coloniale occupe des emplacements échelonnés le long de la Tourbe et au sud de la ferme de Beauséjour.
(Historique du 1er R.A.C.)

  Le 25 septembre, Pierre Daviet, appelé Victor, 93ème R.I., a été blessé au bras gauche par éclat d’obus. Après les soins dans plusieurs hôpitaux il a eu un congé de convalescence pendant lequel il s’est fait une fracture de l’humérus. Soigné à la Roche-sur-Yon, il n’a jamais retrouvé la mobilité de sa main gauche. Il n’est pas retourné aux armées. Né à Bournezeau (Villiers), il s’était installé à Saint-Martin-des-Noyers en 1908.

  Le 25 septembre, Eugène Minguet a disparu. Il avait été exempté en 1908 par le conseil de révision, mais jugé bon pour le service en 1914 et incorporé au 37ème R.I. Il était né à Fougeré, mais ses parents habitaient Bournezeau. L’avis de décès a été envoyé à Saint-Michel-en-L’Herm et son nom y est gravé sur le monument aux morts, mais son nom est inscrit dans l’église de Bournezeau. Son frère Élie était mort à la Fère-Champenoise le 20 août de la même année. (Voir n°31 Au fil du temps)

  Paul de Béjarry a été tué le 6 novembre 1915 au camp d’Elberfeld.. (Voir “Au Fil du temps” n°26)


Les abris allemands étaient sérieusement consolidés, voire bétonnés : Ils pensaient plus à défendre leur position, tandis que les français projetaient toujours d’attaquer pour regagner le terrain occupé.

  À Tahure en 1915 :

 

  Le 2 octobre, André Herbreteau, 25 ans, fut porté disparu. Il était domestique aux Pineaux avant la guerre. Il avait été porté sur la liste des exemptés réformés par le conseil de révision, mais a été reconnu bon pour le service en septembre 1914. Il était incorporé au 137ème R.I. depuis le 29 novembre 1914. Le bourg de Tahure était conquis, mais les allemands le bombardaient depuis la butte de Tahure.

  
« Trois quarts d'heure plus tard, le 1er bataillon l'enlevait à la baïonnette, s'en étant approché en rampant et le 2 [octobre], poursuivait son avance, occupant des postes de commandement et des boyaux nouvellement creusés.
(https://champagne1418.pagesperso-orange.fr/Bataille/Page%201915%20-2.htm)

  Le 2 octobre, Eugène Drapeau, également au 137ème R.I., 34 ans, de saint-Vincent-Puymaufrais, a été prisonnier. Il était interné à Giessen et est rentré en France dès le 5 décembre 1918.

  Jean-Baptiste Moreau, 35 ans, avait fait son service militaire de 1901 à 1903 au 65ème R.I. puis était retourné au Plessis. Il avait fait deux périodes d’exercice en 1907 et en 1911. Rappelé en 1914, il est passé par le 93ème R.I. et était au 137ème R.I. depuis le 11 juin 1915. Il a été tué le 6 octobre 1915 vers Tahure.

  
5 Octobre. - Le Colonel commandant la 42ème Brigade organise une attaque combinée contre le Trapèze par le Sud, l'Ouest et le Nord. De ce côté, ce sont les 2 Bataillons du 64ème et du 65ème détachés au 137ème qui sont chargés de l'attaque sous les ordres directs du Colonel LOUVRAIN commandant la 42èmeBrigade.
   6 Octobre. - Cette attaque ne réussit nulle part, mais le 137ème en profite pour reprendre le sommet de la Mamelle Nord.
(Historique du 137ème R.I.)

   Le bourg de Tahure n’existe plus aujourd’hui

  Le 24 octobre 1915, Charles Cornu, de Bournezeau (Croisée-de-la-Boule), 33 ans, combattait à Tahure quand un éclat d’obus lui a laissé une large blessure au dos. Après 5 mois à l’hôpital, il a rejoint l’armée le 26 mars 1916. On l’appelait Valentin, de son troisième prénom.

  Le 18 décembre, Élie Bossard, 26 ans, (frère de Gustave) fut tué. Après son service militaire de 1910 à 1912, il avait été rappelé au 65ème R.I. Sa famille était à Bournezeau (l’Étang).

  

Relevé le 4 novembre, le régiment, après un repos d'un mois près de Vitry-le-Francois, prend le secteur de Tahure, qu'il lui faut organiser en plein hiver, sous des bombardements fréquents et violents.
(J.M.O. du 65ème R.I.)


Dessin de Sem : Poste d’écoute

  Le 27 décembre, Paul Chagnolleau, 27 ans, a été blessé au thorax. Il était au 137ème R.I. Né à Saint-Martin-des-Noyers, il a suivi sa famille à Bournezeau (la Grande-Forêt). Des suites de sa blessure, il a gardé des difficultés respiratoires. Plus tard, il a habité Fougeré.

  
Actions de détails sur le front des Unités voisines, mais le régiment souffre surtout du mauvais temps, de l'état affreux des boyaux qui en résulte, du petit nombre et du manque de solidité des abris. De plus le ravitaillement s'effectue avec beaucoup de difficultés ; la cuisine se fait à Cabane et Puits où sont les T. C. et cuisines roulantes. Ces dernières l'apportent au Bois Triangulaire où des corvées vont les chercher, cheminant pendant plusieurs kilomètres dans les boyaux remplis de boue et d’eau. Tout arrive glacé ; très peu de poêles et de braseros, presque pas de charbon, celui-ci étant, ainsi que le pain, apporté par les mulets de mitrailleuses.
   Le 27 décembre. – La 2ème Compagnie attaquée à 2 reprises à la grenade au Champignon, repousse vigoureusement ces deux assauts, mais subit des pertes sérieuses.    
(Historique du 137ème R.I.)

  En 1916 : Le 7 janvier, Jean Gobin, 30 ans, de Bournezeau (domestique à la Grand-Croix), a été blessé à la joue droite et au nez, au Champignon, près de Tahure. Pourtant, son régiment était au repos. Il était caporal depuis le 21 septembre 1915 au 137ème R.I. et sergent en 1917. Il est mort le 1er juin 1918 à Chouy, dans l’Aisne.

  Le 16 janvier 1916, Paul Coutaud de Bournezeau (Route de la Roche) s’est fait tuer. Il avait fait 1 an de service militaire de 1902 à 1903. Rappelé en 1914 au 197ème R.I., il est mort avant d’avoir 36 ans. Il a été cantonnier à Bournezeau et habitait route de la Roche.

  
Les caractéristiques de cette période du 10 Janvier au 10 Février sont : une facilité plus grande dans les opérations du ravitaillement. […] Au point de vue du ravitaillement, un soulagement est apporté par l'achèvement de la voie ferrée Sommes-Suippes-Elberfeld-La Savate. De la gare de Cologne à la Savate, les wagonnets sont traînés par des chevaux. La cuisine pour les 1er  et 3ème Bataillons se fait à la Savate.
   (Historique du 137ème R.I.)

  Le 13 février 1916, Pierre Cardineau né à Aubigny, mais domestique à Saint-Vincent-Puymaufrais a disparu du 293ème R.I. Il avait presque 36 ans. 

Le 13 février, à 16 heures, après une préparation d’artillerie de nouvelle conception : concentration d’une masse importante de batteries lourdes (35 batteries de 150 et 210 : renseignement de l’armée) […] une attaque boche se déclenche. Le Bataillon attaqué, 6ème Bataillon, a perdu beaucoup d’hommes pendant cette préparation ; beaucoup de fusils ont été détruits par les éclats dans les tranchées mêmes.
(Historique du 293ème RI)

  Le 8 mars 1916, Baptiste Sarrazin a été tué à 33 ans à Tahure. Né à Saint-Vincent-Puymaufrais, où résidaient ses parents, il avait été ajourné pour faiblesse en 1904 et en 1905 par le conseil de révision de l’Indre-et-Loire. Mais en 1906, dans le Loir-et-Cher, il était bon pour le service. Il l’a accompli à Fontenay au 137ème R.I. Rappelé en août 1914, il est devenu caporal le 6 janvier 1916. Il a été cité à l’ordre du 11ème corps d’armée le 14 avril en ces termes :   

« Caporal très dévoué, volontaire pour toutes les patrouilles et les missions dangereuses, a toujours donné l’exemple de la plus grande bravoure. Blessé grièvement le 7 juin 1915, est revenu sur le front à peine guéri et frappé mortellement le 8 mars 1916 en exécutant sous un bombardement violent un travail de 1ère ligne urgent. »
 

  À Souain :

  Souain (dessin de Sem)

  René Drapeau, 20 ans, de Saint-Vincent-Puymaufrais, laitier, a été fait prisonnier le 29 août 1915. Il était détenu à Munster et a été rapatrié le 12 décembre 1918. Il s’est marié en 1923 à Saint-Martin-Lars.

  Émile Véronneau, 27 ans, de Bournezeau, est mort à Perthes-les-Hurlus lors de la grande offensive du 25 septembre 1915. Il s’était engagé après son service militaire en 1911. Il était adjudant depuis 4 jours au 52ème R.I.C.

  Arthur Decou, 33 ans, a disparu le 25 septembre. Ses parents habitaient Bournezeau. Il avait été domestique agricole à Saint-Florent-des-Bois. Il était au 53ème R.I.C.

 
  Le 25 septembre 1915, le 53ème colonial […], a pour mission d'enlever la première position ennemie constituée par trois lignes de tranchées, sur un front d'environ 500 mètres et dans une zone qui, au départ, se trouve située entre Souain et le bois Sabot […], les deux premières lignes ennemies sont franchies à l'allure du pas de charge et en partie nettoyées. Continuant leur marche en avant et malgré les pertes très sensibles déjà subies, les deux bataillons attaquent la troisième tranchée qu'ils dépassent et progressent sans arrêt jusqu'à la deuxième position ennemie, la gauche à hauteur de la ferme Navarin.
(Historique du 53ème Régiment d’Infanterie Coloniale)

Eugène Boisson, 24 ans, de Bournezeau (l’Hermitière) a été blessé le 6 octobre à Souain. Il était au 27ème R.I. à Dijon, depuis 1912. Il avait été promu sergent le 21 juin. Après sa guérison, passé au 3ème zouaves, il a été tué à l’ennemi à Nieuport, en Belgique le 12 décembre 1916.

  Pierre Morteau, 23 ans, de l’Augoire, a été tué le 16 octobre. Il était du 2ème groupe cycliste. On utilisait son 2ème prénom, Joseph : Son père s’appelait aussi Pierre. Son frère aîné, Pierre Almile, a fait toute la guerre.

  Albert Gouraud qui habitait le bourg de Puymaufrais (Gaillarderie) avait été blessé à Noyon le 27 août 1914. Au 402ème R.I., le 29 septembre 1915, il fut blessé, fait prisonnier à Souain et interné à Münster. Il en est revenu le 23 janvier et a été démobilisé le 8 août 1919.

  Marcel Prain, 25 ans, cultivateur à Saint-Vincent-Puymaufrais (la Grange) a été appelé par la Visite des Exemptés en 1914. (137ème R.I.T.) Il a été blessé par un éclat d’obus au bras le 25 septembre 1915. Il n’a pas pu revenir aux armées et a été réformé en 1917. Il est décédé à Saint-Vincent Puymaufrais en 1923.

 

À Mesnil-les-Hurlus :

  Le Mesnil en 1915

  Le 1er septembre 1915, Alexandre Girard, de Puymaufrais (Bourg), 27 ans, adjudant-chef au 137ème R.I. a été blessé à la joue gauche par un éclat d’obus.

  
À partir du 23 Août, le régiment relève en partie le 65ème puis le 93ème et prend une part active aux travaux d'organisation du Secteur de Mesnil-les-Hurlus et de préparation de l'attaque de la 2ème Armée en direction générale de Vouziers.
(Historique du 137ème R.I.)

  Le 25 août 1915, Florent Vallet domestique à Saint-Vincent-Puymaufrais (la Fraignaie) a disparu. Il avait 21ans. Il s’était marié en 1913. En août 1914 il a été incorporé au 93ème R.I. Il avait été cité à l’ordre du régiment pour avoir fait partie d’un groupe qui a capturé 2 sentinelles ennemies le 3 avril 1915, devant Hébuterne.

  
En face de nos positions et les dominant, s'étendaient les premières lignes allemandes tracées sur une étroite crête appelée “La Courtine” se reliant à l'est, à l'organisation formidable de la Butte-du-Mesnil (50). Devant le front tenu par le 93ème R.I., les lignes étaient très rapprochées, séparées seulement, en quelques points, par les entonnoirs produits par l'explosion des mines.
(Historique du 93ème R.I.)

  Le 25 septembre, Alphonse Decou, né à Bournezeau a été blessé : Plaies multiples des fesses et du thorax par éclats d’obus. Il était alors au 93ème R.I. Il a été soigné dans de nombreux hôpitaux et est resté handicapé pour les mouvements de sa jambe gauche. Avant la guerre, il avait habité Saint-Vincent-Puymaufrais, Luçon, puis Sainte-Hermine. Son frère Arthur a disparu le même jour à Souain.

  Le 25 septembre, Gustave Bossard, 26 ans, de Bournezeau (l’Étang), a été blessé : fracture du maxillaire inférieur par éclat d’obus. Suite à cette blessure qui lui provoquait des ennuis digestifs dus à une mauvaise mastication et après de nombreux séjours en hôpital à Versailles, il a été réformé en 1917. Il était au 65ème R.I. Il était le frère cadet d’Élie, mort à Tahure en décembre. (cité ci-dessus)

  
Le régiment occupe d'abord le secteur de Mesnil-les-Hurlus. […] Secteur pénible où un adversaire prévenu gêne les travaux de tous les tirs de ses canons et de ses minenwerfer.
(Historique du 65ème R.I.)

  Eugène Drapeau, 32 ans, de Bournezeau (Les Barres) avait été ajourné en 1903 pour faiblesse, mais a effectué son service militaire en 1904. Il a fait ensuite deux périodes d’exercices en 1908 et 1911. Rappelé, il est passé dans plusieurs régiments et a été blessé 4 fois :

  - Le 25 septembre 1915 à la Butte-du-Mesnil ,

  - Le 23 octobre à la Courtine (forteresse entre Tahure et Massiges qui fut prise le 24) alors qu’il était au 137ème R.I.,

  - puis le 3 août 1916

  - et le 16 mars 1917.

 
23 Octobre. - On prépare une attaque pour le lendemain sur la Courtine, 2 Compagnies du 137ème sous le commandement du Capitaine Lambert doivent y prendre part. La journée est occupée à transporter vers le 1er Bataillon, un matériel de toute nature et à observer avec soin les allées et venues de l'ennemi.
(Historique du 137ème R.I.)

  Le 4 octobre Léon Bordage, 35 ans, né aux Moutiers, mais domicilié à Saint-Vincent-Puymaufrais (la Buzinière), a été blessé au côté gauche. Un groupe du 37ème R.I. attaquait “la Butte-du-Mesnil” pour préparer une attaque sur Tahure fixée au 6 octobre.

Le 26 octobre 1915, Jules Marchand, 29 ans, a été tué dans le secteur de la Courtine. Il résidait à Thorigny depuis 1913, mais ses parents étaient toujours à Bournezeau (route de la Gare). Son nom est sur le monument aux morts de Thorigny. Il était passé au 120ème R.I. le 30 septembre 1915. Le 25 octobre, une partie de son régiment a été mise à la disposition du 64ème R.I. qui attaquait la Courtine.

  
Mardi 26 octobre 1915.Nos troupes ont remporté un succès en Champagne. Elles ont enlevé un saillant fortement organisé en avant de la seconde ligne ennemie, à 2 kilomètres au nord de Mesnil-les-Hurlus. Cet ouvrage s'appelait la “Courtine” et avait 1200 mètres sur 250, comprenant plusieurs lignes de tranchées. Les pertes de l'ennemi ont été sérieuses et il a laissé 200 prisonniers.
(http://grande.guerre.pagesperso-orange.fr/octobre15.html)

À Ville-sur-Tourbe :

 

  Le 25 septembre 1915, Célestin Bonnin, 35 ans, de Bournezeau (Villiers), a disparu. Le tribunal, en 1920, l’a déclaré mort le 25 avril, et la fiche militaire dit le 25 août. Il avait été blessé au genou, par balle, le 20 décembre 1914 à Minaucourt (près de Mesnil-les-Hurlus). Il était au 3ème Régiment d’Infanterie Coloniale, qu’il a rejoint le 31 août 1914, juste après la bataille à Rossignol où ce régiment avait été décimé. Sa tombe est au n°1055 à la Nécropole Nationale de Minaucourt-le-Mesnil-Lès-Hurlus.

  
Le matin du 25 septembre, le 2ème bataillon occupe les faces ouest et nord de l’ouvrage Pruneau. Il contribue à la transformation en parallèle de départ et reçoit, comme ordre, de tenir ses tranchées pendant l’attaque. Il formera une troisième vague d’assaut si besoin est. Les 1er et 3ème bataillons accolés forment les deux premières vagues
(Historique du 3ème R.I.C.)

  Le 25 septembre, Théophile Petit a été tué. Il était au 3ème R.I.C. Depuis 2010, son domicile était à Périgny (17). Son nom est inscrit sur les monuments de Périgny et de Bournezeau. Son épouse, Clémence, et ses 3 enfants étaient à la Borelière de Bournezeau en 1921. Sa mère et sa sœur habitaient à Saint-Ouen. Sa tombe est au n°6905 dans la Nécropole Nationale de Minaucourt-le-Mesnil-Lès-Hurlus.

  Le 25 septembre, Alfred Guichard a disparu. Il était né à Saint-Vincent-Puymaufrais, mais habitait La Rochelle et servait au 7ème R.I.C. Il avait 21 ans.

  Le 25 septembre, Henri Esgonnière a été tué près de Ville-sur-Tourbe. Voir “Au Fil du Temps” n°25.

  Le 26 septembre, Clément Augereau, 28 ans, au 22ème R.I.C., a été blessé d’une balle dans la cuisse droite pendant l’attaque sur “l’index de la main de Massiges”. Né à Bournezeau, il a habité Saint-Vincent-Puymaufrais, puis Saint-Maurice-des-Noues et Fontenay. Il était maçon.

  Le 27 septembre, Clément Charrier, de Bournezeau, 27 ans, a été blessé près de Valmy. Il était au 153ème R.I. qui attaquait un ouvrage de “la Main de Massiges”.

  
Les 26 et 27 septembre le régiment coopère à des attaques sur l'ouvrage de la Défaite. Retiré vingt-quatre heures pour recevoir des renforts, il remonte en ligne le 30, malgré les pertes cruelles qu'il a subies.
(Historique du 153ème R.I.)

Le tri des blessés

  Gustave Chabot, 30 ans, qui avait habité à Bournezeau (rue du Centre) est mort à Agen des suites de ses blessures le 2 octobre 1915 : Plaie iliaque par éclat d’obus. Il était au 153ème R.I. donc du côté de “la Main-de-Massiges”.

  Paul Robin, 21 ans, du bourg de Puymaufrais, clerc de notaire, a été incorporé au 93ème R.I. Mais sa convocation a d’abord été suspendue pour cause d’épidémie. Il est passé au 153ème R.I. le 3 juin 1915. Il a été évacué blessé le 29 septembre, vers l’hôpital de la Souterraine, puis Guéret. Il n’est revenu aux armées que le 16 mars.

 
Le 25, à 9 h.15, les vagues d'assaut débouchent ; les trois premières lignes allemandes sont enlevées, le réduit de Maison-de-Champagne dépassé, les abords de Ripont atteints. Mais les voisins n'ont pu aller aussi vite ; le 153ème, en flèche, est contre-attaqué avec violence et obligé de revenir sur Maison-de-Champagne, où la résistance s'organise hâtivement.
(Historique du 153ème R.I.)

  Le 27 septembre, Louis Joblet, 34 ans, sabotier originaire de Bournezeau, mais habitant à la Roche-sur-Yon a été fait prisonnier. Il était au 93èmeR.I. Il a été rapatrié le 25 décembre 1918.

  Le 16 octobre, Émile Remaud, 31 ans, ferblantier à Bournezeau, a été tué. Il avait migré à Chatellerault, puis à Hodent dans le 95 où l’avis de décès a été expédié. Son nom est inscrit à Bournezeau : Hodent n’a pas de monument aux morts. Sa tombe est au n°7441 dans la Nécropole Nationale de Minaucourt-le-Mesnil-Lès-Hurlus. Il était au 3ème Régiment d’Infanterie Coloniale comme Célestin Bonnin. Huit jours plus tard, ce régiment embarquait pour Salonique sur le “Provence” qui a été coulé en mer.

  
Après la relève (1er et 2 octobre), le régiment se reforme à Verrière et reprend les tranchées de Massiges et de 191.
(Historique du 3ème R.I.C.)

  Le 2 octobre, Adrien Parion, 34 ans, de Saint-Vincent-Puymaufrais (la Jolivière), est décédé des suites de ses blessures à la Croix-en-Champagne.

Il était sergent depuis le 19 juin au 137ème R.I. qui combattait du côté de la “Main-de-Massiges”.

Sa tombe est à la Nécropole Nationale de St.Jean-sur-Tourbe n° 1679.

  Ferdinand Augereau était né à St Vincent-Puymaufrais, mais ses parents sont allés à Chantonnay. Il a été domestique agricole dans plusieurs communes avant de revenir à Chenillac en 1913. Il est mort à La Croix-en-Champagne des suites de ses blessures le 6 octobre 1915, à l’âge de 33 ans.

Il était au 64ème R.I. qui avait bataillé du côté de Massiges. Son nom est sur le monument aux morts de Simon-la-Vineuse et aussi de Saint-Vincent-Puymaufrais.

  Sa tombe est au n°67 dans la Nécropole Nationale de Saint-Jean-sur-Tourbe.
 

  À La Croix-en-Champagne

 

  Louis Forgerit, ajourné pour “faiblesse” en 1908 fut reconnu “bon pour le service” en 1914. Il est arrivé au corps le 22 février 1915 et est décédé des suites de ses blessures le 30 septembre 1915. Né à Bournezeau, il habitait Chantonnay où son avis de décès a été envoyé. Mais sa mère, Célestine, alors veuve, était à la Briolière et les familles Forgerit et Parpaillon habitaient à Bournezeau. C’est sans doute pour cette raison que son nom a été gravé avec ceux de Bournezeau, et pas à Chantonnay.

  
  
Bien qu'elle n'eût pas donné les résultats qu'on en attendait, cette bataille de Champagne ne resta pas sans fruits.
Les forces germaniques, surprises par la violence de nos assauts, se virent contraintes de nous abandonner sur un front de vingt-cinq kilomètres, une moyenne de quatre kilomètres de terrain en profondeur, qui constituaient une zone de défenses formidables et réputées imprenables.
   L'ennemi laissait entre nos mains 26 000 prisonniers dont 350 officiers, 150 canons, un abondant matériel de siège et de combat. Sur les 200 000 Allemands engagés au cours de l'action, 140 000 avaient été tués, blessés ou prisonniers

(http://www.chtimiste.com/batailles1418/1915champagne2.htm)

  Cette année 1915, les soldats ont tous compris qu’une attaque générale comme celle programmée le 25 septembre n’avait que peu de chances d’aboutir. Ils ont appris à gagner du terrain mètre par mètre, en visant des objectifs précis qu’ils avaient souvent des difficultés à défendre. Mais le Haut Commandement Général a persisté dans sa tactique et après avoir défendu Verdun en 1916, a relancé une grande offensive en 1917.

Jean-Paul Billaud

Sources : Fiches matricule militaires, recensements de 1911 et 1921, historiques des régiments