L’histoire de la forge et de l’entreprise de Jean BERNEREAU
La forge de l’entreprise Bernereau a fonctionné, sans
interruption depuis 1851 jusqu’en 1978, sur deux lieux successifs, avec
les différents patrons cités ci-dessous. L’activité de la forge a pris fin
au moment de la retraite de Jean, en 1980.
Patrons successifs
L’origine de la forge de Jean Bernereau date de 1851, la
forge a été mise en place par son arrière-grand-père maternel Pierre Mercereau,
né en 1820 à Fougeré. Marié le 12 janvier 1846.
À son décès le 13 août 1875, c’est son épouse Aimée Berthelot
qui a pris la succession.
En 1881, Antonin Mercereau, fils de Pierre, né le 5
février 1854, a succédé à sa mère.
Vers 1911, le relais est pris par son beau-frère Joseph Bernereau,
né le 2 juin 1866. Il est décédé à 44 ans en 1910, il avait épousé Flavie
MERCEREAU la sœur d’Antonin.
Vers 1925, son fils Alphonse, né en 1891, lui a succédé.
En 1946, Jean Bernereau né en 1920 s’est associé avec son
père dans l’entreprise. Il n’a pas eu de successeur.
Activités de l’entreprise Bernereau
1- La forge et lieux successifs
Le lieu de la première forge s’appelait la Grange de la Grolle. La
forge se situait près de l’ancienne poste, entre le terrain des Papillons
et l’avenue du Moulin.
En 1964, la forge de la grange de la Grolle a été transférée à
l’emplacement du magasin : Carrefour express.
Nous ne disposons d’aucune photo de ces deux forges.
Depuis l’installation de Carrefour en 1983, la forge a été
déplacée dans le local mitoyen du magasin. Cette pièce servait de musée
pour exposer les vieux outils de la forge.
Photo du musée en 2013
Depuis 2018, les vieux outils de la forge ont été transférés au
musée de Yves Cougnaud du Poiré sur Vie.
Jean dans sa Forge en 2013
2- Entreprise de battage
Selon Jean Bernereau, le premier matériel de battage a
été acheté par son arrière-grand-père Pierre Mercereau,
1820/1875, l’année d’achat reste inconnue Les toutes premières batteuses
datent de 1866. Elles étaient très rudimentaires. Il fallait vraiment être
un homme audacieux pour acheter ce matériel d’avant-garde, sans doute pas
vraiment au point. Aucune information sur la marque et sur le type du
matériel de battage acheté. L’acquisition s’est peut-être faite dans les
années 1870.

La vanneuse achetée pouvait peut-être ressembler à celle de cette vieille
carte postale vue sur Internet
Pierre Mercereau a peu utilisé ce matériel, car il est
décédé à 55 ans en 1875. Nous ne savons pas si ses successeurs (Antonin Mercereau
et Joseph Bernereau) se sont servis de cette machine. Peut-être
ont-ils acheté de nouvelles batteuses ? Par contre, Jean se souvenait de
la première batteuse achetée par son père Alphonse, en 1924.
Depuis la guerre 39/45, il y avait à Bournezeau quatre entreprises
de battages qui, selon certains témoignages, seraient par ordre
d’importance : Bernereau, Bocquier, Charrier et Delbarre.
L’entreprise Bernereau possédait deux matériels de
battages. Chaque batteuse était actionnée par une locomotive à charbon.
Après la guerre, les tracteurs ont progressivement remplacé les locos.
Jean avait aussi une batteuse à petites graines (trèfle incarnat), elle
était logée dans les bâtiments de la ferme de la famille Bregeon
au Thibeuf.
La plus petite vanneuse achetée en 1924 était une Breloux
(Nevers) avec monte-paille incorporé, elle était réservée pour les petites
fermes qui avaient des aires de battages réduites. Vers 1946/47,
l’entreprise Bernereau a changé sa vanneuse Breloux par une autre
de la même marque, plus moderne. Ses roues métalliques étaient remplacées
par des pneus, elle avait l’engrenage automatique et un monte-gerbes.
En 1959, les entreprises de battage de Bournezeau Bocquier et
Charrier ont acheté une moissonneuse-batteuse Claas. De ce fait,
progressivement, il y a eu moins de travail pour les batteuses. Jean Bernereau
a alors envisagé de vendre sa dernière Breloux. Elle a été
aménagée pour battre de la mogette et vendue à un groupe d’agriculteurs de
la Ferrière vers 1961/62.

La vanneuse Société Française devant la forge vers 1965 (Carrefour Express
aujourd'hui)
collection Bernereau
L’autre vanneuse, plus importante, était une Société Française
(Vierzon) avec monte-paille séparé. Elle était réservée aux plus grandes
exploitations qui disposaient d’aires de battages plus importantes. Nous
ne connaissons pas sa date précise d’achat, mais c’était entre 1945 et
1950.

C'est une photo de Jean Bernereau en 1967 lors de la dernière
année de battage à la Gallarderie des Pineaux.
La vanneuse Société Française est entraînée par le tracteur Zetor.

Battage avec la vanneuse Société Française à la ferme Forgerit de
Villeneuve en 1968 ou 1969, Marcel Bégaudeau, assis, est à la
coche.
Collection Jean Bernereau
En 1959, Le monte paille de la Société Française a été remplacé
par une botteleuse. Les bottes étaient poussées sur une rampe vers le tas
de paille. Ce matériel a fonctionné jusqu’en 1967. L’entreprise de battage
a donc pris fin et la Société Française a été vendue en1968 à un groupe
d’une douzaine d’agriculteurs (Cuma non déclarée) autour du Chêne-Bertin.
Ce matériel a fonctionné 5 ans jusqu’en 1972. Ils n’étaient plus que
quatre la dernière année. Pierre Bourdet, ouvrier de Jean Bernerreau,
a suivi la vanneuse pendant ces 5 années, pour l’entretien et la bonne
marche de l’ensemble du matériel.
Vers 1962, la vanneuse à petites graines ne servait plus.
Elle a été volontairement brulée au Thibeuf, afin de récupérer les parties
métalliques.

Un jour de battage en 1934 avec la loco qui entraîne la vanneuse.
À droite, Jean Bernereau 14 ans avec Émile Pillaud de
Foliet chauffeur de la loco.
Collection Jean Bernereau
3 - La maréchalerie
En 1972, suite à la retraite de Gaston Laurent,
maréchal-ferrant, l’entreprise Bernereau a pris le relais, mais
cette activité a été assez limitée.
Par ailleurs, Jean Bernereau avait fait aussi
l’acquisition du tramail (ci-dessous) de Gaston Laurent à sa
retraite, pour ferrer quelques bœufs ou soigner les pieds des bovins.
Deux photos collection
Francine Lamy 
On observe, à gauche, l’ouvrier Pierre Bourdet ferrer ou
soigner le pied d'un bœuf dans le tramail
et à droite on le voit ferrer le cheval de Fernand Drapeau de la
Jarrière
4 - Entreprise de labour
Avec son père, Jean avait acheté en 1949, son premier tracteur de
marque Latil. L’année suivante, il a acheté son 2e
tracteur Latil, parce que les paysans ne voulaient plus de loco
aux battages.
Ces deux tracteurs Latil d’une puissance de 65 CV
avaient quatre roues motrices et directrices. Ils faisaient les labours et
assuraient le fonctionnement des batteuses.
Plus tard, vers 1961/62, un tracteur Zétor (fabriqué en
Tchécoslovaquie), 55 CV, deux roues motrices a remplacé les 2 Latil.

Photo d'une charrue Naud, un modèle plus récent que celui acheté
en 1949
En 1949, achat d’une charrue Naud à 2 socs, qui
basculait en avançant.
Avec l’achat du 2e tracteur en 1950, acquisition d’une
charrue 3 socs simple pour labourer en planche. Un peu plus tard, un
rotavator a également été acheté, ainsi qu’une botteleuse en 1959. Elle
servait pour les battages et aussi pour botteler les foins.
Suite à l’acquisition de tracteurs par les agriculteurs
l’activité labour s’est progressivement réduite à partir des années 1960.

Jean Bernereau dans son musée en 2013 avec une paire de pinces
dans ses mains à côté de ses enclumes et outils divers.
5 - Personnel
On ne connaît pas toutes les personnes qui ont travaillé dans
l’entreprise, cependant on peut citer quelques noms :
1 Pour les battages :
Émile Pillaud (Foliet)
Pierre Bourdet
Jacques Bernereau, le frère de Jean
André Blain
Jean-Pierre Bernereau, le fils de Jean
2 Pour les labours :
Jacques Bernereau,
Joseph Bregeon,
Éric Marceau,
Louis Lorieu,
Auguste Parpaillon de la Ménerie
3 Pour la Forge et maréchalerie :
Jacques Bernereau,
Pierre Bourdet. (Embauché en 1960, il est resté dans l’entreprise
jusqu’à la cessation d’activité en 1980.)
Plusieurs générations d’agriculteurs ont connu cette très vieille
forge. Elle a marqué de son empreinte le milieu agricole de notre commune.
L’entreprise de travaux agricoles, avec ses activités diverses et
notamment les battages, a acquis une renommée bien au-delà de la commune.
Henri Rousseau
Sources :
Jean Bernereau. (Il a fait le récit de sa vie dans un livre,
écrit par Mme Annie Millasseau, et imprimé en 2019.)
Témoignages de : Francine Lamy, Jean-Pierre Rafin,
Jean-Yves Jaulin, Gaby Greffard, Patrick Avril,
Robert Perrocheau, Jean-Marc et Jacques Forgerit,
Maurice Rafin, Jean-Michel Charrier, René Grelaud,
Éric Bourdet, Éric Marceau.