Un criminel né à Bournezeau et mort à Cayenne en 1907

  Théodule Meunier est né à Bournezeau le 22 août 1860. Il est mort à 47 ans, à Cayenne, le 25 juillet 1907. Il était le fils de Constant Meunier et de Marie Barreau. Il est issu d’une vieille famille de Bournezeau puisque Joseph son arrière-grand-père y est né en 1749 et décédé en 1809.
  Après avoir travaillé comme menuisier à Nantes, Théodule Meunier serait venu à Paris vers 1887. En 1889, il fut condamné par défaut pour coups et blessures.


Théodule Meunier

   Ravachol, anarchiste, reconnu par un garçon, avait été arrêté dans le restaurant Véry, boulevard Magenta, un des plus réputés de la capitale. Le 25 avril 1892, veille de sa comparution devant la cour d’assises de la Seine, une bombe y éclata, tuant deux personnes et en blessant plusieurs. Théodule Meunier était l’auteur de l’attentat et de celui de la caserne Lobeau, le 15 mars précédent.
Alors qu’on le recherchait, Meunier accomplissait à la prison de la Santé une peine de quinze jours de prison pour coups et port d’arme prohibée. On le poursuivit partout,sauf en ce lieu. À sa sortie de prison, il partit pour Bruxelles, Anvers puis Londres, où il fut comme d’autres compagnons hébergés chez Gustave et Victorine Brocher, journalistes anarchistes.



La façade du restaurant VÉRY après l’explosion

  Le 11 avril 1893, trois comparses, Bricou, sa maîtresse Marie Delange et Francis, comparaissaient devant la cour d’assises de la Seine. Bricou et Marie Delange dénoncèrent Meunier.
  C’est à Londres que la police française arrêta celui-ci en juin 1894 ; Jugé à Paris le 26 juillet 1894, il sauva sa tête en niant, mais fut condamné aux travaux forcés à perpétuité, à la majorité d’une seule voix du jury.
  L’acte d’accusation l’avait présenté comme un excellent ouvrier menuisier et La Gazette des Tribunaux du 27 juillet 1894 dépeignait ainsi l’accusé :

« Petit, quelque peu contrefait. Il a les bras longs, terminés par des mains maigres, aux doigts effilés. Sa figure est fine et énergique, son regard intelligent n’a ni l’acuité de celui de Vaillant ni l’inconscience enfantine de celui d’Émile HENRY.Il a le teint pâle et porte de longs cheveux noirs ainsi qu’une barbe touffue. »

  Et Malato, journaliste anarchiste, dans “Le Peuple” du 3 février 1938, écrivait :

« Avec une physionomie belle et pure d’enthousiaste à froid, résolu à tout dans sa passion de l’idée, il représentait le type le plus remarquable de l’illuministe révolutionnaire. »

Du bagne, Meunier entretint une correspondance avec Jean Grave, militant anarchiste.

  Il écrivait notamment le 16 mai 1906, alors qu’il était malade à l’hôpital :

« Je ne regrette rien, je n’ai fait que ce que je devais faire ; Ce serait à recommencer, je ferais la même chose. Je ne crains pas la mort ; Si je suis condamné, qu’elle vienne le plus tôt possible. Cependant, c’est regrettable de mourir ainsi après tant d’années de souffrance passées au bagne. »

  Il demanda aussi des fonds, notamment à Charles Malato, en vue de tenter une évasion. Il fit deux tentatives d’évasion, en 1902 et 1903, mais fut vite repris et condamné à la double chaîne...

  Clément Duval, anarchiste, disait de lui :

« Ce bon et vaillant camarade, qui fut si digne dans l’adversité, sut par sa conduite correcte s’imposer aux bourreaux ».

  Meunier espérait une campagne de presse en faveur de sa libération, mais il mourut à Cayenne le 25 juillet 1907, peut-être du paludisme.

  Ses tentatives d’évasion avaient échoué, et sa santé était minée :

« Je me rends compte de ce que ses derniers moments ont dû être douloureux, de mourir ainsi, la rage au cœur, de ne pouvoir faire acte de justice avant de mourir »

(Duval).

Informations recueillies sur Internet par Dimitri Charriau et État civil mairie Bournezeau