Enfin un cinéma à Bournezeau en mars 1946

  Comme l’indique l’article du journal du 5 mars 1946, ci-dessous, la première séance de cinéma à Bournezeau a eu lieu le dimanche 10 mars 1946 dans une salle créée par son propriétaire Louis Guittet.
   Nous avons pu joindre Louis Guittet, l'actif directeur du futur cinéma dans la salle presque complètement installée. II a bien voulu, pour les lecteurs d’Ouest-France, nous donner quelques détails techniques sur l'installation du “Pax Cinéma”.
   L'appareil est double et permet la continuité de la projection, chose assez rare dans un appareil de 16 mm.
   Autre détail intéressant et qui surprend, le plancher affecte une forme curieuse : Concave au centre, relevé à chaque extrémité de la salle, il permet une visibilité intégrale à toutes les places, même avec les plus extravagants chapeaux de nos élégantes.

   « _ Quand pensez-vous commencer ? avons-nous demandé à M. Guittet.
   _ La première représentation aura lieu, en principe, le dimanche 10 mars 1946.
   _ Et que pensez-vous projeter pour cette grande première ?
   _ Toute la série que j'ai retenue offre un intérêt certain, mais je ne puis vous préciser quel sera celui des cinq films de cette série qui me sera envoyé en premier lieu. »
   Sur ce, nous quittons le sympathique directeur du “PAX” en lui souhaitant que les habitants viennent nombreux à cette grande première, et aux suivantes.

  Le cinéma a changé plusieurs fois de propriétaire

Le Pax cinéma de Louis Guittet était situé au 23 rue Jean Grolleau à l’emplacement de l’ex-dépôt de peinture de James Poiraudeau.
  Louis Guittet a fait fonctionner le cinéma jusqu’à la fin de 1952, soit pendant 6 ans et 10 mois. À ce moment, pour des raisons inconnues, Louis Guittet vendit sa salle de cinéma à la paroisse. (Louis Guittet est né le 4 janvier 1908, il avait 38 ans en 1946, son père Louis était charron)
  L’achat par la paroisse s’est fait au nom de l’A.E.P.“Les Papillons” qui a été déclarée en préfecture et agréée le 3 novembre 1952. Cette association paroissiale gérait également le basket, le théâtre, la clique, le tennis de table et le volley.
  L’Association “Les Papillons” exploitait  régulièrement le cinéma dans des conditions assez rentables depuis janvier 1953. Mais vers 1960, les services de sécurité réclamèrent avec insistance de rendre les installations plus conformes aux règlements. D’autre part, la salle était trop petite pour contenir tous les clients qui, le dimanche après-midi, venaient de toutes les localités voisines, surtout en période hivernale.
  Cette situation a provoqué de longs débats au sein des Papillons. C’est au début de 1965 que fut décidé l’aménagement d’une nouvelle salle de cinéma dans les anciennes dépendances de la propriété Genest, acquise par “Les Papillons” en 1962.

  
   Emplacement de la salle Pax près de la Tête noire 
   L’entrée de la salle n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui.
Il y avait à l’époque une porte à deux battants surmontée d’un petit auvent.

photo 2016

  Le bureau de “L’A.E.P. Les Papillons”, réuni le 12 avril 1965, confirma ce choix.

  Le conseil d’administration était alors composé de 10 membres : Joseph Seguin, Robert Grué, Gabriel Herbreteau, Fernand Herbreteau, Eugène Vallet, Pierre Mercereau, Eugène Bretaud, Michel Godet, Henri Godet et Joseph Besson, curé de la paroisse.

  Le bureau était composé de : Eugène Vallet Président, Joseph Seguin et Fernand Herbreteau vice-présidents et de Robert Grué secrétaire trésorier.

  Le cinéma Pax, rue Jean Grolleau, a fonctionné jusqu’en décembre 1966 avec “Les Papillons”, soit près de 14 ans.

  En 1969, L’A E P “Les Papillons” a vendu la salle du cinéma à Maurice Robert père.

  Voici les propriétaires successifs de cette salle : Maurice Robert fils, André Cantin, James Poiraudeau, Patrick Moumein et Jean-Pierre Grelier.

  Le transfert de la salle de cinéma Pax dans les dépendances de la propriété Genest a engagé “Les Papillons” à réaliser de lourds travaux. Ils ont été effectués par les entreprises locales suivantes :

Maçonnerie : Pété et Remaud

Charpente : Charrier 

Sanitaire Zinguerie Chauffage : Eugène Bretaud

Plafonds Eugène Lemoullec 

Electricité Louis Texier

Menuiserie bois : Henri Godet, Joseph Vallette, Pierre Mercereau.

Menuiseries métalliques : Maurice Delavaud, Jean Bernereau, Gaston Remaud, Raymond Auger.

Peinture Vitrerie : Mrs  Pouzet et Annereau.

La décoration de la salle et l’équipement : Ets Bourguais La Roche sur Yon

L’équipement de la cabine : Ciné service Nantes

  
L’entrée du Cinéma Pax vers 1968.

  Pour la construction de cette salle, le travail bénévole a été considérable. Une soixantaine de bénévoles ont en effet donné environ 300 journées de travail, sans parler du matériel mis gracieusement en action par les bénévoles. Le coût de la salle, initialement prévu à 20 millions de francs anciens, a néanmoins dépassé les 25 millions.
  Pour l’inauguration de la nouvelle salle Pax, à cause des travaux non terminés, deux dates ont été programmées, d’abord à la mi-septembre, puis au début novembre. Elle eut lieu finalement le vendredi 16 décembre 1966 lors de la projection du  premier film :

“La Vache et le prisonnier”.

  Deux jours plus tard, le dimanche 18 décembre, elle a été à nouveau inaugurée par les enfants des écoles lors de l’arbre de Noël. Un autre film a alors été projeté :

“L’enfant aux cinq visages”.

  
La salle Pax place des Papillons    

Photo 2008

  D’abord hebdomadaire, puis mensuel, dans la salle “Pax” des Papillons, le fonctionnement du cinéma a duré, avec des hauts et des bas, jusque dans les années1980.
  La salle a servi aussi pour le théâtre.
  Après quelques années d’arrêt, l’activité a repris avec le cinéma itinérant, géré par Familles Rurales, le 12 octobre 1988 avec le film “Le grand Chemin”. Puis le cinéma s’est arrêté en 2002.
  L’exploitation de la salle par “L’A.E.P. Les Papillons” a aussi pris fin définitivement en 2002. Des pourparlers de vente à la commune ont alors été engagés.
  Le 28 janvier 2003, le conseil municipal décida d’acheter la salle Pax et le terrain attenant. L’acte d’achat par la commune a été signé le 10 juillet 2003.
  Depuis, la salle Pax n’a plus d’utilité, sauf la scène qui sert de lieu de stockage de matériels divers pour les kermesses des écoles.
  Cette salle est maintenant vouée à la démolition pour favoriser l'accès de la clientèle aux commerces et services de l'avenue du Moulin : parking et espaces réservés à de futurs commerces ou services si nécessaire. Mais en novembre 2017, la commune n’avait pas encore programmé le moment de sa démolition.

 Henri Rousseau

 

Sources : - Journal Ouest-France du 5 mars 1946 découvert par Dimitri Charriau  -  Bulletins paroissiaux.
   - Archives de la mairie - Témoignages : Josiane Martineau, Yves Brosset, Maurice Robert fils, André Cantin

  Complément d’informations sur l’article du Cinéma

 
  Le texte dans Au fil du temps n° 25 indique que le cinéma avait été mis en route à Bournezeau en 1946. Or, un article du journal du 18 mars 1934, découvert récemment, nous apprend qu’un cinéma avait été mis en place en 1934
   (Voir l’article ci-dessous) :

Bournezeau, depuis quelques semaines, est doté d’un cinéma sonore et parlant qui fonctionne admirablement bien. Samedi 17 mars et dimanche prochain 18 à 20 h précise : “Le Rêve”. Passeront aussi sur l’écran quelques films locaux la Fête Dieu et la première communion. Le dimanche 1er avril et le lundi de Pâques : “Les Galeries Lévy” grand film comique qui sera précédé “Des obsèques d’Albert 1er, roi des belges”, et de “L’avènement de Léopold III ”

  Selon Jean BERNEREAU, ce cinéma avait lieu dans l’école privée des garçons. Il y avait trois classes, les deux cloisons amovibles s’enlevaient, ceci permettait d’avoir une grande salle, qui servait aussi pour le théâtre qui a dû se mettre en place après la guerre 14/18. Selon Jean, ce cinéma avait été mis en place dès 1929 ou 1930 par le docteur Maurice BASTARD, il a dû fonctionner environ deux ans, puis il a repris en 1934. Maurice BASTARD filmait des manifestations locales et les projetaient sur l’écran avant le film. Le cinéma a dû fonctionner jusqu’en 1939.

  D’autre part, Jean se souvient aussi que des projections de films, probablement organisées par la commune, passaient de temps en temps à la salle des Halles avant la guerre 39/45.

  Par ailleurs, des remarques justifiées nous ont été faites, concernant l’absence de noms des bénévoles dans le texte. En effet, beaucoup de bénévoles ont participé au bon déroulement des séances de projection. Sans eux, le cinéma n’aurait pas eu ce succès. Mais il n’y a pas de trace de leurs noms et de leurs années d'activité dans les archives paroissiales. Mais ne les connaissant pas tous, il serait injuste de n’en citer qu’une partie.

Compléments parus au numéro 26

 

Le Comité de rédaction