Verdun 1916 (2ème partie) : Près de Thiaumont
Après les mois de février et mars, les allemands ont continué
d’attaquer en direction de Verdun. Mais la résistance des français était
héroïque : Le général PÉTAIN a organisé le ravitaillement par la Voie
Sacrée et la relève des régiments à tour de rôle. À 800 m au sud de
Douaumont, le plateau de Thiaumont est une des portes d’entrée vers
Verdun. Français et Allemands l’ont attaqué et défendu avec acharnement.
Il était convoité pour sa position clé à la tête des ravins de Nawé, des
Trois-Cornes, des Vignes et du bois Triangulaire. Pris et repris de
nombreuses fois entre juin et octobre 1916, le plateau de Thiaumont a fait
l’objet d’un pilonnage intensif par une artillerie mêlant tous les
calibres.

Les lieux des combats rive droite de la Meuse
Robin Constant habitait à Bournezeau, route des
Pineaux en 1911. De la classe 1907, il avait été réformé dès le début de
son service militaire dans l’artillerie, pour une hernie. Rappelé en 1914,
il est arrivé au 93ème R.I. le 25 février 1915. Il a été
blessé à la jambe droite et aux reins par éclats d’obus le 23 juin 1915.
Il était au 174ème R.I. à Notre-Dame-de-Lorette. Le 21
janvier 1916, il a rejoint le 44ème R.I. qui combat pour
défendre Verdun dans le secteur de Damloup (à l’est de Thiaumont). C’est
là qu’il fut fait Prisonnier le 3 mars 1916 et emmené à Mannheim. Il est
revenu le 17 décembre 1918, a été libéré le 4 août 1919 et a rejoint
Fougeré, puis Rochefort.
Gravelaud Abel, de Bournezeau (le Grand-Bocquet),
de la classe 1912, n’a été mobilisé que le 8 septembre 1914. Il a
participé aux combats avec le 21ème R.I. à partir du 1er
octobre. Le 7 mars 1916, il a été blessé par éclat d’obus à Douaumont. Il
est revenu au combat le 3 juin 1916. Il a été malade en 1918 :
problèmes gastriques et cardiaques. Libéré le 8 octobre 1919, il a rejoint
la Terrandière en 1921, puis Saint-Vincent-Puymaufrais en 1928.
Le 7 mars, à midi, commence un arrosage systématique d'obus de
gros calibre sur les tranchées de première ligne, les ravins où s'abritent
les réserves et les cheminements intermédiaires. Les tranchées sont
bouleversées, les mitrailleurs enterrés, le Chef de Bataillon Contet
et 3 officiers sont écrasés, 50 hommes sont tués, près de cent blessés.
(historique du 21ème R.I.)
Begaudeau Ernest : Sur le monument aux
morts du cimetière, il est écrit BEGAUDEAU E.. À Bournezeau (les
Barres), BÉGAUDEAU Eugène est venu en 1898, mais il a été réformé
en 1917 pour une dilatation de l’aorte et est mort à son domicile, à
Bournezeau le 30 septembre 1918. (voir Au Fil du Temps n°7) Eugène
s’était marié le 11 juillet 1898 avec Anaïs Daviet. Ses trois enfants et
son épouse étaient à Bournezeau (les Barres) en 1921 avec les parents
Daviet. Sur la base des morts pour la France du site officiel “ SGA
Mémoire des hommes”, un seul nom correspondrait au monument de Bournezeau.
Cet homme, prénommé Ernest était domestique agricole, né au Bernard en
1894 et résidait à Marans lors du conseil de révision. Au 123ème R.I., il
a été tué le 12 mai 1916 par un éclat d’obus à la tête au
Bois-de-la-Caillette. L’avis de décès a été envoyé à Montagnac-la-Crempte
en Dordogne. Sur le site “memorialgenweb.org”, c’est bien lui qui est
répertorié sur les deux monuments aux morts, à Bournezeau et à Montagnac.
Y avait-il un lien de parenté entre ces deux hommes qui expliquerait
l’inscription sur notre monument ? Ernest avait-il travaillé à
Bournezeau comme domestique ?
Les journées des 7 et 8 mai sont les plus dures. Les Allemands
prononcent des attaques successives accompagnées d’un bombardement
incessant d’obus de gros calibre. C’est dans ce chaos infernal du bois de
La Caillette, où la terre est sans cesse retournée par les obus qui
ensevelissent les vivants comme les morts, que les hommes du 123ème R.I.,
presque privés de chefs, repoussent toutes les attaques furieuses, allant
jusqu’au corps à corps, d’un ennemi supérieur en nombre et en moyens, et
tiennent jusqu’à l’extrême limite des forces humaines. (Historique du 123ème
R.I.)
Daviet Alexis, sabotier de Bournezeau
(Villiers), était de la classe 1915, mais a été ajourné pour “faiblesse”
en 1914. Malgré cela,il a été incorporé au 32ème R.I. le 8
septembre 1915. Il est passé par le 174ème, puis le 21ème R.I. et a été
blessé le 8 mai 1916 dans la tranchée Couderc secteur de Thiaumont. Il est
mort le 13 mai des suites de ses blessures et est inhumé à la Nécropole
Nationale de Dugny-sur-Meuse au n°174.

La nécropole de Dugny-sur-Meuse
Selin Henri a été blessé à Thiaumont le 21 mai
1916 (voir Au Fil du Temps n°20)
Parpaillon Gustave, de Bournezeau (la
Poussardière), rappelé en août 1914 a été réformé le 16 septembre pour
“bronchite chronique”. En 1898, c’était “pleurésie chronique”. Il avait
fait cependant des périodes d’exercices en 1903, en 1906 et en 1912. En
1915, c’était la 6ème fois qu’une commission le renvoyait dans ses foyers.
Mais le 137ème R.I. rappelait même les malades, puisqu’il a
été cité à l’ordre du régiment le 13 février 1916, a été nommé caporal le
1er avril 1916 et a été blessé à Thiaumont le 8 juin 1916.
8 Juin, à 15 h. 45, le Bataillon Mallet et la C. M. 3 quittent
le bivouac de Bois la Ville pour se rendre à la Citadelle.(Historique du
137ème R.I.)
Boudaud Jules, domestique chez Louis Blaineau à
la Noue-Libaud (Saint-Vincent-Puymaufrais) en 1911, a été blessé à Verdun
par éclat d'obus le 10 juin 1916. “plaie région sous-scapulaire gauche”.
Il a rejoint l’armée le 7 juillet. En 1917, il a rejoint le 84ème
R.I. pour partir en Orient le 12 juillet. Il a encore reçu des éclats
d’obus aux jambes et a été soigné à Salonique. Il est revenu en France le
26 février 1919 et été libéré seulement le 7 septembre. Il a vécu à
Nantes, puis dans la région parisienne.
10 Juin. - Le Colonel arrivé à minuit, dans la nuit du 9 au 10
au P.C. 119, rend compte que la situation des Bataillons à relever sur la
contre-pente du Ravin-de-la-Dame à l’Ouest de la Ferme de Thiaumont lui
semble des plus critiques, dominés de tous les côtés et le flanc droit
découvert sur une distance d'environ 700 mètres. (Historique du 137ème
R.I.)
Son frère aîné, François, ajourné pour “faiblesse” en
1901, a été affecté au 84ème R.I.T. en novembre 1914. Il habitait à
Bournezeau (la Borelière) et avait 3 enfants. Il est passé au 137ème
R.I. en 1915. Il a été malade en août et en décembre 1915, mais il
a fait toute la guerre jusqu’à sa libération le 27 janvier 1919. En 1921,
il a émigré dans la région de Saintes. L’autre frère, Victor, qui
n’avait fait que 2 mois de service militaire en 1903 avant d’être réformé
pour “hernie volumineuse”, a été reconnu “bon pour le service armé” en
septembre 1914. Il est arrivé au combat le 11 décembre 1916. Malade en
1918, il a été démobilisé le 8 mars 1919. Il travaillait comme “emballeur”
à Nantes.
Girard Alexandre, de Saint-Vincent-Puymaufrais,
avait accompli son service militaire de 1909 à 1911. Il s’est engagé au
137ème R.I. le 4 janvier 1913 et était sergent le 6 juin 1913. Il a été
blessé le 27 août 1914 à la lèvre. (Cité au n°30 dans Au Fil du Temps) Il
est revenu au combat le 20 septembre et était adjudant le 11 octobre, puis
adjudant-chef le 29 juin 1915. Il a de nouveau été évacué de la
Butte-du-Mesnil (Champagne) pour blessure à la joue gauche par un éclat
d’obus du 1er au 23 septembre 1915. Il a été capturé le 12 juin 1916 à
Thiaumont. Il a été interné à Darnstadt d’où il est revenu le 30 novembre
1918. Il s’est de nouveau engagé au 137ème R.I. pour faire 15
ans de service, jusqu’en 1926. Retiré à Saint-Hilaire-du-Bois, il s’est
engagé dans la résistance et a été déporté le 21 septembre 1943. Il a été
déclaré mort pour la France le 5 mai 1944.
12 juin, L'attaque allemande se produit vers 7 heures, d'abord
par le Nord, puis, débouchant de la Ferme de Thiaumont, des forces
importantes dévalent les pentes du Ravin de la Dame et tombent sur les
Compagnies de renfort vers le centre des 2 bataillons de 1ère ligne qui
sont encerclés. […] Aucune nouvelle à partir de ce moment des 1er
et 3ème Bataillons. (Historique du 137ème R.I.)

Ruines de l’ouvrage de Thiaumont
Coutaud Eugène, de Bournezeau (la Terrandière),
avait d’abord été ajourné pour faiblesse en 1905 et en 1906, mais il avait
fait son service militaire de 1907 à 1908. En 1914, il a retrouvé le 137ème
R.I. De novembre 1914 à février 1915, il a été malade de la
Typhoïde. Il avait 30 ans à Tahure quand il a été blessé à la face par un
éclat d’obus le 5 octobre 1915. Il a pu revenir à la compagnie le 26
octobre. Fait prisonnier à Thiaumont le 12 juin 1916, interné à Wahn, il
fut rapatrié le 13 décembre et libéré le 23 mars. En 1921, il habitait à
Saint-Vincent-Puymaufrais. Il est décédé à Bournezeau le 2 novembre 1960.
Son frère Victor, 24 ans en 1914, avait fait un an de
service militaire en 1911 avant d’être réformé. Il avait été rappelé en
1913 de mars à décembre, puis de nouveau le 3 août 1914. En 1915, il était
au 114ème R.I., près d’Ypres et il a été évacué deux fois
pour maladie. Même chose en 1918. Il a été libéré le 13 août 1919. L’autre
frère, Alfred, (appelé Alexandre), travaillait à Villeneuve. Il
avait 29 ans le 12 mai 1917 quand il a été fait prisonnier au nord de
Reims. Il était interné à Darmstadt d’où il a été rapatrié le 18 novembre
1918.
Paillou Auguste, de Sigournais, de la classe
1915, a été incorporé au 93ème R.I. le 5 janvier 1915. Il est
mort le 14 juin 1916, tué aux Trois-Cornes, commune de Bras, près de
Thiaumont. L’avis a été transcrit à La Réorthe. Son nom est gravé sur les
monuments de Sigournais et de Saint-Vincent-Puymaufrais, mais pas à
La-Réorthe.
Le 13 juin, la situation du 2ème bataillon est la
suivante : […] La 6ème compagnie, en réserve au bois des
Trois-Cornes, à la disposition du 1er bataillon. […] Les
pertes de ce bataillon ont été très sensibles : 11 officiers, 263 hommes.
(Historique du 93ème R.I.)
David Henri, ouvrier tailleur d’habits, de la
classe 1911, a été appelé sous les drapeaux à compter du 10 octobre 1912.
Le 5 août 1914, il est parti aux armées avec le 64ème R.I. À
Thiaumont, il a été blessé à la tête par un éclat d'obus le 21 juin 1916,
mais est revenu au combat le 17 juillet. Il a été démobilisé le 21 août
1919. Son père, Victor, était tailleur d’habits : Son atelier était
au Champ de Foire et en 1921, il employait son petit-fils Clovis LAMOTHE.
Son oncle Baptiste était aussi tailleur route de la Gare. Ses deux frères,
Victor et Rémi étaient aussi tailleurs. Victor, s’est établi à Chantonnay,
rue du Commerce. Il a peut-être employé Henri avant la guerre. Victor,
de la classe 1909, a été rappelé le 10 août 1914. Il a fait la guerre dans
l’artillerie et a été décoré de la croix de guerre italienne. Rémi,
l’aîné, était de la classe 1902. Il a été rappelé en août 1914 et a
rejoint le 116ème R.I. Il n’a pas été blessé et est retourné
travailler avec son père le 18 mars 1919.
Le 64ème au 12 juin 1916, prend position en avant
de Thiaumont. Ses deux bataillons de tête se collent au boche, dans les
trous de marmite, car c’est la meilleure façon de le surveiller. […]
Continuellement, c’est un pilonnage infernal de nos lignes ; le vacarme
des artilleries couvre tout […] Le 22, après relève par les chasseurs
alpins, le régiment est diminué d’un cinquième. (Historique du 64ème
R.I.)
Martin Eugène était le frère aîné de Georges dont
l’histoire est évoquée dans le n° 32 d’Au fil du temps. Après son service,
de 1911 à novembre 1913, il a été rappelé le 2 août 1914. Il était au 262ème
R.I. à Thiaumont le 21 juin 1916 :
« Brancardier très méritant […] blessé en se portant avec
un grand mépris du danger au secours de ses camarades »
Les plaies étaient superficielles à la main et à la jambe droites.
Chauffeur, il a habité à Saint-Vincent-Puymaufrais, La Rochelle,
Sainte-Hermine.
Verdon Eugène était domicilié à
Saint-Vincent-Puymaufrais à partir de 1913. Il avait effectué son service
militaire de 1909 à 1911. Rappelé le 3 août 1914 au 65ème
R.I. il était sergent depuis le 30 septembre 1915. Il a disparu à
Thiaumont le 23 juin 1916, tué à son poste de combat.
Du 11 au 23, le 1er et le 3ème
bataillon, successivement engagés au nord-ouest de la ferme Thiaumont,
résistent à deux furieuses attaques allemandes, si bien que, le 23,
l'ennemi tente ailleurs la percée qu'il n'a pas pu obtenir sur les lignes
du régiment. (Historique du 65ème R.I.)

La voie Sacrée, de Bar-le-Duc à Verdun
Charbonneau Émile, de Saint-Vincent-Puymaufrais
(la Commanderie), avait effectué son service militaire de 1905 à 1907.
Rappelé, il est arrivé au 137ème R.I. le 10 août 1914. La
typhoïde l’a écarté du front du 16 décembre 1914 au 7 mai 1915. Le 31 mai
1916, il a été blessé au pied gauche par une baïonnette. Il a été soigné à
Verdun. Le 25 juin, il a rejoint le 293ème R.I. qui a été
reformé après de lourdes pertes devant Thiaumont. Après sa libération le
11 mars 1919, il s’est retiré à la Réorthe.
« Le 7 juillet, […] le 293ème rattaché au Xème
Corps d’Armée, reçoit l’ordre d’attaquer l’ouvrage de Thiaumont.
La réorganisation du Régiment n’est pas achevée. L’attaque engagée dans
ces conditions ne peut se développer favorablement. » (Historique du
293ème R.I.)
Auger Ernest, cultivateur à
Saint-Vincent-Puymaufrais (Champ-Chevrier) où son père était journalier, a
été ajourné en 1913 par le Conseil de Révision. Il avait alors 20 ans. En
1914, il a été classé “services auxiliaires” pour “musculature
insuffisante” et après le passage dans différentes sections de commis
ouvriers, il a rejoint le service armé en août 1915. Il fut muté au 4ème
zouaves le 4 janvier 1916. Il a été blessé à l’épaule le 6 août
1916 par un éclat d'obus alors que les allemands préparaient l’attaque du
fort de Souville. Il avait une cicatrice dans la région lombaire
provoquant une gêne de la marche. Il a été placé dans l’artillerie lourde
le 1er octobre 1917 au 83ème , puis au 118ème . Il
a été cité à l'ordre du régiment
n°1069 Canonnier courageux et intelligent. A toujours donné
l'exemple d'un grand sang froid dans les moments pénibles.
Libéré le 2 septembre 1919, il s’est marié avec Berthe BORDAGE le
5 juillet 1933.
Jean-Paul Billaud
Sources : Fiches matricules militaires, État Civil,
Historiques des régiments.
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