Des temps anciens
à la Révolution
Population
1680-1700
Population
1701-1792
Population à Puymaufrais



ETUDE DE LA POPULATION DE BOURNEZEAU (1680-1900)

- 2ème partie : 1701 à 1792 -

Cette longue période de notre histoire couvre 3 règnes : Louis XIV (1643-1715), Louis XV (1715-1774) et enfin Louis XVI (1774-1792). L’année 1792 marque la fin des registres paroissiaux tenus par les prêtres. Le dernier acte rédigé par le curé de Bournezeau date du 18 décembre 1792. L’état-civil est tenu ensuite par les officiers publics comme le maire.

Le tableau ci-dessous nous donne un bilan chiffré de la population de 1701 à 1792. Malheureusement les registres paroissiaux de plusieurs années ont disparu : de 1730 à 1736 ; 1769 ; 1711 (février à octobre) et 1716 (octobre-novembre). L’étude porte donc sur 83 années, les années 1711 et 1716 ne comptant que pour 1 année :

  • Un premier constat est à faire : le nombre de baptêmes (3688 naissances) compense à peine le nombre de sépultures (3657 décès). La population de Bournezeau ne peut donc s’accroître qu’avec un apport extérieur.

    Deuxième constat : 38 % des décès sont des enfants de moins de 10 ans. C’est bien-sûr considérable. Quasiment la moitié de ces enfants n’atteignent pas 1 an ! Les causes sont connues : les maladies et le manque d’hygiène. Il est à noter que beaucoup de jumeaux, filles ou garçons, ne survivaient que quelques jours au plus.

    Dernière remarque: Au total, 85 % des décès touchent des personnes âgées de 0 à 60 ans (65 % n’atteignent pas 40 ans), d’où de nombreux remariages. Seulement 1 % des décès concerne des personnes âgées de plus de 80 ans. La population de Bournezeau était loin d’être vieillissante si nous comparons avec notre époque.

    Les graphiques de la page suivante mettent en relief plusieurs crises démographiques qui ont touché notre commune.

    Le "Grand Hiver" de 1709 ne semble pas avoir eu des conséquences importantes à Bournezeau. Le nombre de décès reste moyen. Il a peut-être eu une influence sur les naissances de l’année 1710 : seulement 23 baptêmes alors que nous en comptons 46 en moyenne pendant la période 1701-1720.

    Par contre, plusieurs années totalisent un nombre de décès hors norme : 1719, 1742, 1744, 1779 et surtout 1785.

    L’année 1719 a été chaude et sèche, entraînant des épidémies de dysenterie avec des poussées de variole et des fièvres pourpreuses (éruption de boutons) et pestilentielles, le tout renforcé par le manque d’hygiène. A Bournezeau, les mois d’août, septembre et octobre comptabilisent le plus grand nombre de décès (41 décès sur un total annuel de 74).

    Les années 1742 (75 décès) et 1744 (92 décès) sont probablement touchées par des épidémies localisées qu’il n’a pas été possible de déterminer.

    Par contre, nous savons qu’en automne 1779 une épidémie de dysenterie est à l’origine d’une surmortalité dans notre région. A Bournezeau, 48 décès (sur un total annuel de 74) sont répertoriés de septembre à novembre, avec un pic de 22 décès en octobre !

    Le record de décès dans une année est atteint en 1785 avec 100 décès. Les 5 premiers mois de l’année enregistrent 71 décès ! Ils sont provoqués par des contagions pulmonaires.

    Au final, combien comptait d’habitants Bournezeau en 1792 ? Un document émanant des autorités politiques de la commune et daté de 1796 indique qu’elle « avait toujours passé pour contenir plus de 1600 âmes avant la Révolution » (1). Depuis la fin du XVIIème siècle jusqu’à 1792, soit presqu’un siècle, la population n’a sans doute augmenté que de quelques centaines d’habitants. Les troubles liés à la guerre civile à partir de 1793 auront des conséquences sur elle. Nous reviendrons sur cette période lorsque nous aborderons, dans un prochain numéro, la Révolution et la Guerre de Vendée à Bournezeau.

    Vincent Pérocheau

    (1) Archives départementales de la Vendée (série L.295).

    BILAN DEMOGRAPHIQUE DE BOURNEZEAU DE  1701 A 1792

  • LES MÉTIERS DE BOURNEZEAU (1701-1792)

     

    (1) Année au cours de laquelle est mentionné pour la première fois le métier dans les registres paroissiaux. Les personnes travaillant la terre comme les métayers, les laboureurs, les journaliers, les domestiques…, largement majoritaires à Bournezeau, n’ont pas été relevées.

    ACTES PARTICULIERS (1701-1792)

    (Extraits des registres paroissiaux de Bournezeau : l’orthographe originale a été conservée)

    -"Le second jour de juillet 1701 a été tuée par le tonnerre Marie Bironneau de Villiers, agée de quinze ans, et le mesme jour a esté enterrée au cimetière en présence de Claude Bironneau son père, et Pierre Bironneau.
    Avril curé."

    -Visite de l’évêque de Luçon le 31 juillet 1701.

    -"Le douze de may 1704 a été inhumé au cimetière de ce lieu le corps de défunt Nicolas Oliveau mendiant garçon âgé d’environ vingt sept à huit ans, qui m’a dit estre originaire de St Florent, lequel dit Oliveau a reçu tous les sacrements de Notre mère Ste Église, décédé dans la grange de la maison de la Miltière.
    Avril curé."
    -"Le mesme jour dernier dudit mois d’aoust 1706 a été enterré au cimetière de cette paroisse, le corps de défunt Mre Daniel Lambard de ce bourg ayant reçu tous les sacrements de l’Église, après avoir été blessé d’un coup d’espée, ont assisté à son enterrement Mre Puyraud vicaire et Gaillard clerc tonsuré, Jean Loyau Sr de l’Audjonnière, dame Judith Lambard Chauveau et plusieurs autres parents proches et amis.
    Avril curé."

    [Dans la marge est noté : "Par Pierre Mercereau le jeune". Cette personne est peut-être l’auteur du coup d’épée. S’agit-il d’un accident, d’un duel ou autre… ?]

    -"Le dixiesme avril 1709 a été enterré le corps de défunt François Menanteau pauvre enfant de huit à neuf ans décédé en la grange des Humeaux.
    Avril curé."

    -"Le deuxiesme juillet audit an [1709] a été enterré au cimetière de ce lieu le corps de défunt François Vrignaud pauvre aveugle mendiant, originaire de St Florent décédé subitement dans un grand chemin demandant l’aumosne un jour de foire.
    Avril curé."

    -"Le 30 du dit mois et an que dessus [janvier 1710] a été trouvé mort Jean Coquillaud proche Fremier, journalier dans ce bourg. Son corps a été apporté à l’église avec les cérémonies ordinaires et enterré dans le cimetière de cette paroisse le lendemain 31 du dit mois. Il était âgé de 50 ans ou environ. Ont assisté à son enterrement François Coquillaud, son frère, sa femme et plusieurs autres amis.
    Puyrault, curé".

    -"Andrée Anne fille illégitime née d’un père et mère inconnu trouvé sous les halles de Creil-Bournezeau et présentée par Monsr  le Sénéchal de ce lieu le treize de décembre de l’an cy-dessus [1712] et baptisée le même jour. Le parrain a été Louis Cartaud garçon et la marraine Andrée Chupeau qui ne savent signer.
    Puyrault curé."

    -"Le vingt et deux du présent mois [août 1713] a été baptisé par moy un enfant trouvé à la porte de Sr Philibert Laporte où il a été nommé Philibert dont le parrain a été René Cardinaud et la marraine Catherine Chupeau. Le procès verbal que les messieurs de la justice de Bournezeau en ont fait porté que ledit enfant à plus de trois mois ou environ. C’est pourquoi je l’ai baptisé sous condition n’ayant trouvé aucune marque qu’il eut été autrefois baptisé. Le parrain et la marraine n’ont su signer.
    F. Gaillard vicaire."

    -"Le dix de novembre de l’an cy-dessus [1713] a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de défunte Perrine Moreau après avoir reçu les sacrements de l’Église. Y ont assisté les dames de la Charité, Pierre Ledoux, Joseph Bordage et plusieurs autres. La dite défunte a souffert une maladie de douze ans et entretenue aux dépens de la Charité de cette paroisse.
    Puyraultcuré."

    -"Ce dix neuf du présent mois et an que dessus [novembre 1713] a été baptisée par moy prêtre vicaire de ce lieu une fille de la paroisse de Fougeré. La sage femme m’ayant déclaré que l’enfant était en danger pour le porter à la paroisse à cause de la longueur du chemin et elle a été nommée Gabrielle Brosset fille de Nicolas Brosset et de Marguerite Buteaud de légitime mariage. Le parrain a été Samuel Tréni et la marraine Gabrielle Joré lesquels ont déclaré ne savoir signer.
    F. Gaillard  prêtre."

    -"Le dix septiesme de décembre de l’an cy-dessus [1713] a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de défunt André Mercereau maçon qu’on a trouvé noyé proche de Trizay s’en retournant de la Vineuse, le dit Mercereau mort du quinziesme du dit mois. Y ont assisté quantité de peuple, de parents et autre du bourg le dit jour et an que dessus.
    Puyrault curé."


    -"L’onze du présent mois de mars de l’an cy-dessus [1715] a été inhumée dans l’église de cette paroisse le corps de défunte dame Paule Migault épouse de messire Charles Henry Bodin Écuyer Sr de la Touche vivant après avoir reçu les sacrements de l’Église. La dite Migault décédée du jour précédent sur les six heures du matin ou environ et âgée de soixante et six ans ou environ après avoir depuis dix huit ou vingt ans exercé la charge de supérieure de la Charité. En conséquence, en mémoire de la dite Charité, la dote d’une petite métairie appelée le Chesne située au village de la Tendrenière pour être [donnée] à perpétuité à la dite Charité suivant lequel est marqué sur son testament. Ce dit jour et an que dessus. Ont assistés à son enterrement son neveu Monsr de Loge du Foix et quantité du peuples.
    Puyrault curé."

    -"Le cinq septembre 1715 j’ay baptisé Anne, fille de Anne Bijou. Le parrain a été René Patarin et la marraine Marie Faivre qui ne savent signer, lesquels m’ont déclarés que Jacques Sourisseau qui a épousé ladite Bijou le 4 mars dernier ne se reconnaît pas pour père de ladite fille et qu’il s’oppose à ce qu’elle soit baptisée sous son nom étant le fait d’un autre. Ils m’ont aussi en mesme temps dis que ladite Anne Bijou confessait qu’il appartenait à Mathurin Oger garçon demeurant à la métairie de la Seguinière paroisse de St Martin Lars, chez qui ladite Bijou était servante duquel elle avait conçu ladite fille quelques mois avant son mariage avec ledit Jacques Sourisseau, ce que dessus m’a été confirmé par ledit Jacques Sourisseau et ladite Anne Bijou demeurant au village de la Laudonnière [L’Audjonnière] chez lesquels je me suis exprès transporté pour rendre un plus sûr témoignage à la vérité, François Guibert et Jean Guillon aussi dudit village témoins, lesquels tous m’ont déclarés ne savoir signer en requis par moy de ce faire la présente pour valoir à qui il appartiendra.
    R.P. Seicher prêtre vicaire de Bournezeau."

    -"Le douze de décembre 1717 a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps d’un pauvre mendiant mort à la métairie de la Miltière muni du sacrement de pénitence, appelé François Raimon de St Jean d’Angély, y ont assisté André Orveau, François Morteau et plusieurs autres.
    Berriau vicaire de Bournezeau."

    -"Le septiesme du présent mois d’octobre de l’an cy dessus [1718] a été inhumé dans l’église de cette paroisse aux tombeaux de ses ancêtres le corps de défunt Mre Jean Gaillard décédé dans la maison de la communauté âgé de soixante et dix huit ans muni des sacrements de l’Église. Y ont assisté Mre Nicolas Gaillard son fils et Jacques Gaillard et Alexandre Pyniot et aussi quantité du peuple. Le dit jour et an que dessus.
    Puyrault curé."

    "Le treize juillet 1721 je soussigné ay béni une cloche de cette paroisse par une permission spéciale de monseigneur l’illustrissime et révérendissime de Lescure évêque de Luçon ; laquelle a été nommée Marie Thérèse par Messire Marc Antoine de la Motte prêtre prieur de Bournezeau et bachelier en théologie à Bordeaux qui en a été le parrain et par dame Marie Thérèse Graton épouse de honorable homme Thimothée Rampillon seigneur du Breil et qui en a été marraine qui se sont avec moy soussignés après avoir fait toutes les prières onctions et cérémonies accoutumées en présence de quantité de nos paroissiens et autres à signé (…)
    Marie Thérèse Gratton - De la Motte vicaire de Bournezeau - B. Pennard curé des Pineaux - J. Rampillon - Puyrault curé de Creil Bournezeau."

    -"L’an 1722 et le seizieme d’aoust a été faite la bénédiction de la petite cloche de cette église en notre présence après en avoir obtenu la permission de Monseigneur l’Evêque par messire Jean Baptiste Pennard prêtre et curé des Pineaux. Y ont assisté pour parrain Mre Jean Nicolas Esgonnière Sr de la Febretière et la marraine demoiselle Marie Gaudineau veuve de défunt Mre Philippe Jobet de Beauregard.
    B. Pennard curé des Pineaux - Puyrault curé de Creil."

    -"Le vingt et sept d’avril 1723 a été baptisé par moy vicaire soussigné André fils naturel de Jean Couturier et de Marie Crespeau le parrain a été André Gaudillon et Anne Pillaud la marraine qui ont déclaré ne savoir signer. Le père prétendu de l’enfant cy-dessus a protesté le contraire et s’offre de le prouver en justice suivant sa déclaration à l’instant du baptême de l’enfant.
    Papon prêtre."

    -"Le quinze de juin 1726 a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de défunt André Délorier mort par accident d’un coup de fusil âgé de trente trois ou quatre ans mort à la Girardière et ont assisté Jean Délorier son frère et René Teillet et plusieurs autres. Le dit jour et an que dessus.
    Puyraultcuré."

    -"Le trois juillet 1743 a été inhumé au cimetière de ce lieu le corps de René Barreau de la paroisse des Pineaux âgé de trente un ans ou environ, trouvé mort hier sur les huit heures du soir dans le chemin qui conduit de Bournezeau à Thorigné, vis à vis et proche le champ du moulin gauche qui appartient au sieur Barré prenisse (?) dans cette paroisse, suivant le procès verbal de messieurs les officiers de la justice de ce lieu en date du jour et an que dessus (…).
    Par moy, Verdon curé."

    -"Le quatre avril 1758 a été baptisé Jean enfant trouvé sous les halles de ce lieu. A été parrain Maître Jean Loyau notaire et procureur du marquisat de Bournezeau et la marraine demoiselle Marie Thoumazeau de la Bertaudière qui ont signés.
    L. Levron vicaire de Bournezeau."

    -"Le vingt sept octobre 1786 a été baptisée Marie Deshalles née d’un père et d’une mère inconnus trouvée sous les halles de Bournezeau le parrain a été Pierre Charbonel et la marraine Marie Bardet (…).
    Guidon vicaire."

    -"L’an 1792 le premier février le corps de Jacques Villiers marchand, épouse de Marie Anne Chagnoleau, âgé de quarante ans, trouvé hier noyé sur cette paroisse, a été en conséquence de la réquisition faite par le sieur Remaud procureur de la commune de ce lieu en date de ce jour et signé de lui, inhumé dans le cimetière de cette paroisse.(…).
    Lainé curé."

    LA PAROISSE DE BOURNEZEAU DE 1701 à 1792

  • Sources utilisées pour cet article
    -Registres paroissiaux de Bournezeau (Mairie de Bournezeau).
    Archives départementales de la Vendée et Archives de l’Evêché de Luçon.
    -J.L. Sarrazin, La Vendée des origines à nos jours, 1982.
    -Marcel Lachiver, Les années de misère. La famine au temps du Grand Roi, 1680-1720, 1991.
    -Jacques Dupâquier, Histoire de la population française, tome 2, 1988.