les temps anciens à Bournezeau

Population 1680- 1700

Population 1701-1792

ETUDE DE LA POPULATION DE PUYMAUFRAIS
(1671-1791)
ET DE SAINT-VINCENT-FORT-DU-LAY
(1737-1791)

L’étude démographique de ces deux paroisses avant la Révolution française s’appuie exclusivement sur les registres paroissiaux qui sont parvenus jusqu’à nous.

Puymaufrais a conservé le plus ancien. Il s’agit d’un registre de baptêmes qui débute le 6 mai 1643 (le roi Louis XIII meurt à Saint-Germain-en-Laye le 14 mai 1643) et se termine en mai 1663. Malheureusement un grand nombre de pages sont déchirées et l’écriture est difficilement déchiffrable. Les registres de Puymaufrais sont complets à partir de 1671.

L’abbaye de Trizay tenait également un registre entre 1786 et 1787. Un seul acte y est inscrit : le décès d’un domestique inhumé dans le cimetière de l’abbaye. Il est possible que d’autres registres aient été tenus auparavant mais il n’en reste aucune trace.

A Saint-Vincent-Fort-du-Lay les registres paroissiaux ne remontent pas au-delà de 1737. Ceux antérieurs ont disparu.

Contrairement à Bournezeau, les prêtres de Puymaufrais et surtout de Saint-Vincent-Fort-du-Lay ont rarement indiqué la profession et le village des déclarants. On se limitera donc à un bilan annuel chiffré (page 2) en soulignant les accidents démographiques.

Par ailleurs, à la fin de cette étude (pages 3 et 4), ont été retranscrits des actes particuliers (faits divers,  bénédictions de cloches…) que les prêtres de Puymaufrais ont rédigés. Aucun acte particulier n’a été noté à Saint-Vincent-Fort-du-Lay.

La première crise démographique éclate en 1687 à Puymaufrais avec 33 sépultures alors que la moyenne annuelle est de 11,4 décès par an. Elle touche essentiellement des adultes : 9 décès pour la tranche d’âge 21 - 40 ans et 15 pour la tranche 41 - 60 ans. Ils sont probablement dus à une épidémie

En 1724, 27 sépultures y sont enregistrées avec une répartition uniforme dans les tranches d’âges. En revanche, en 1762, sur 22 sépultures, 12 concernent des personnes de plus de 40 ans. Dans les 2 cas, on ne sait pas les causes de mortalité.

Les autres crises ont des répercussions beaucoup plus étendues. La famine de 1693-1694, liée à un bouleversement climatique puis à de mauvaises récoltes, touche Puymaufrais avec 16 décès en 1693 et 21 en 1694. La même mortalité se retrouve à Bournezeau (voir "Au fil du temps", n° 2) et sur l’ensemble du pays.

L’année 1719 a été chaude et sèche, entraînant des épidémies de dysenterie avec des poussées de variole et des fièvres pourpreuses (éruption de boutons) et pestilentielles (odeurs malsaines) : 30 décès à Puymaufrais et 74 à Bournezeau (pour une moyenne annuelle de 44 décès).

La crise de 1744 touche à la fois  Bournezeau (92 décès), Puymaufrais (26 décès) et Saint-Vincent-Fort-du-Lay (17 décès sur une moyenne de 6,6 par an). On en ignore les causes.

Celle de 1779 est mieux connue, notamment grâce à la note qu’a laissé le prêtre de Puymaufrais, Dufresne, pour l’année 1779 : « Il fut fait 21 enterrements (…) tous morts de la dysenterie qui a régné dans tout le pays cette année ». En effet, on compte 17 décès à Saint-Vincent et 74 à Bournezeau.

Enfin, la dernière crise a lieu en 1785. C’est l’année des records en terme de mortalité pour les trois paroisses : 100 décès à Bournezeau ; 40 à Puymaufrais et 24 à Saint-Vincent. Ils sont provoqués par des contagions pulmonaires.

En aucune manière il n’est possible de déterminer le nombre d’habitants dans l’une ou l’autre paroisse. Le premier recensement ne se fera qu’en 1792 et encore est-il plus ou moins fiable. Nous y reviendrons quand nous évoquerons la Révolution française et la Guerre de Vendée. Au cours du XVIIIème siècle la paroisse de Bournezeau devait probablement avoir 3 à 4 fois plus d’habitants que Puymaufrais et 4 à 5 fois plus d’habitants que Saint-Vincent-Fort-du-Lay.

  • BILAN DEMOGRAPHIQUE DE PUYMAUFRAIS DE 1671 À 1791

  • Bilan pour la paroisse de Puymaufrais pendant ces 121 années :
    Baptêmes:      1570    (Moyenne : 13 / an)
    Sépultures :     1377    (Moyenne : 11,4 / an)
    Mariages :     406      (Moyenne : 3,3 / an)

    BILAN DEMOGRAPHIQUE DE SAINT-VINCENT-FORT-DU-LAY DE  1737 A 1791

  • Bilan pour la paroisse de Saint-Vincent-Fort-du-Lay pendant ces 55 années :
    Baptêmes :      468      (Moyenne : 8,5 / an)
    Sépultures :     362      (Moyenne : 6,6 / an)
    Mariages :      133      (Moyenne : 2,4 / an)
    A titre de comparaison pour la même période (1737-1791) :
    Puymaufrais :  B : 12 / an                                          Bournezeau :   B : 43,8 / an
                            S : 11,3 / an                                                               S : 44 / an
                            M : 3,4 / an                                                                M : 11,3 / an

    ACTES PARTICULIERS (1671-1791)

    (Extraits des registres paroissiaux de Puymaufrais. L’orthographe originale a été conservée)

    Visite de l’archevêque de Luçon le 27 avril 1687.

    Visite de l’évêque Henri de Barillon, le 9 mai 1692.

    Visite de l’évêque Henri de Barillon, le 28 mai 1696.

    Visite de l’évêque Jean-François de l’Escure, le 3 avril 1702.

    Sépulture du 24 avril 1705 :
     

    « … a été inhumé dans l’église de Puymaufrais, devant l’autel de Saint-Eutrope, le corps de messire Jacques Poëron, prêtre curé âgé de 70 ans ou environ après avoir rendu ses services à la paroisse avec un grand zèle l’espace de 34 ans. 

    Sépulture du 9 février 1707 :


    «… Je soussigné prêtre curé de Puymaufrais ai donné la sépulture au corps d’un homme défunt qui, mendiant son pain, est subitement décédé au village de la Mènerie sur les marques que m’ont donné de sa catholicité François Clémenceau, Jacques Couturier, Gabriel Bordage qui ont déclaré ne savoir signer... »

    Sépulture du 28 mars ou avril 1712 :

    «Le 28ème et le lendemain de Pâques fut enterré le corps de la petite Taupier, fille âgée de 5 ans, morte pour s’être brûlée le jour de Pâques, ses parents étant à l’église pendant la messe. Assistèrent à son enterrement Jacques Taupier son père, Marie Chavignaud sa mère, et autres qui ne savent signer... »

    Sépulture du 7 mai 1713 :

    «Le dimanche 7ème mai 1713 Louis Lefresne, meunier âgé d’environ 40 ans, mort d’un coup de fusil par accident. Assistèrent à son enterrement René Rousseau et Denis Brosset, ses beaux-frères et autres… »

    Baptême du 29 juin 1714 :

    [Les parents se sont mariés le 27 novembre de la même année.]

    Sépulture du 10 janvier 1716 :

    «Le vendredi 10ème janvier fut enterré le corps de Jean Maillet mort de la petite vérole âgé de 22 ans ou environ…»

    Visite de l’évêque Jean-François de l’Escure, le 26 juin 1719

    Sépulture du 1er octobre 1722 :

    [Jeudi 1er octobre 1722] fut enterrée au cimetière Gabrielle Modeste Brethé âgée de trente et quelques années et morte de dysenterie. »

    Sépulture du 1er avril 1730 :

    «Le samedi 1er avril fut enterré Mathurin Truneau âgé de 27 à 28 ans, noyé en la rivière du Lay par accident… »

    Sépulture du 11 avril 1731 :

    «Le mercredi 11 avril jour de Saint Léon fut enterré en l’église le corps de noble dame Françoise Thérèse Bassard, veuve de messire Julien Barré chambellan de feu Monsieur frère de feu Louis Quatorze, Louis le Grand, âgée de plus de 70 ans… »

    Sépulture du 18 avril 1731 :

    «mercredi 18 avril fut enterré le corps de Marie Rampillon âgée de plus de 80 ans qui pour 5 messes qu’elle a souhaité être dites annuellement et a perpétuité sur le pié [sic] de 15 sols par messe lesquelles seront prises aussi annuellement sur la borderie de l’Augouerre [sic], consentant son fils âgé de plus de 40 ans et sa petite-fille Louise Berthé âgée de 19 ans me l’a demandé pour le mettre par écrit… »

    Sépulture du 5 juin 1741 :

    «Le 5 juin 1741 j’ai soussigné ai inhumé dans le cimetière de ce lieu le corps de Louis Chatelier fils de Jean Chatelier et de feu Louise Barthé, lequel dit enfant s’est noyé par accident et dont le corps a été levé par messieurs de la justice de Bournezeau… »

    Sépulture du 10 mai 1742 :

    «Le 10 mai 1742 j’ai soussigné ai inhumé dans le cimetière de ce lieu le corps de François Poinson dit le berton [sic], né de Dol de la paroisse de l’Abbaye sous Dol, mort d’hier, lequel a reçu tous nos augustes sacrement avec piété et édification… »

    Baptême du 26 juin 1742 :

    «Le 26 juin 1742 j’ai soussigné ai baptisé Françoise Marie Pourqueorse [ ?] née de ce jour, fille illégitime naturelle de François Huet marchand de Luçon, homme marié, et de Jeanne Evesque selon la déclaration que ladite Jeanne Evesque en a fait au greffe dudit Bournezeau comme elle nous l’a déclaré. Le parrain a été André Evesque sacristain de cette paroisse… »

    Bénédiction de la cloche le 1er avril 1744 :

    «Le 1er avril 1744 a été bénie la cloche qui a été nommée Marie Jeanne ; ont été parrain Mr Jean Angibaud et marraine demoiselle Jeanne Placide Massé, son épouse, par moy Yvon Gourichon, prêtre curé de la Vineuse, par permission de Mr l’abbé Desdoride grand vicaire de Luçon ; ont été présents à la bénédiction Mr Boisseau, curé dudit lieu et Mr Merlet, prieur de Saint-Ouen et autres… »

    Sépulture du 6 juillet 1766 :

    «Le 6 juillet 1766 m’a été présenté le corps de Joseph Malemberc alman [sic] que j’ai, soussigné, inhumé dans le cimetière de cette paroisse après les assurances de sa religion catholique et apostolique et romaine dont j’ai eu connaissance par moi-même sans les autres preuves qui m’ont été données par les témoins qui ont assisté à son inhumation. Lequel est décédé hier au soir après que j’ai été appelé pour user de mon ministère. Sont témoins René Guichard sacristain et Pierre Pion et plusieurs autres personnes que leur charité et leur piété ont conduit à la cérémonie de son enterrement…»

    Sépulture du 7 août 1768 :

    «L’an 1768, le 7 août, le corps de Pierre Drapeau âgé de 14 ans, fils de Pierre Drapeau et de Jeanne Freslin, natif de cette paroisse, domestique au passage de Trizay, noyé du 3 présent mois, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse… »

    Liste des communiants de 1774 indiquée par le prêtre à la fin du registre de l’année 1774 :

    Louis Bordage âgé de 19 ans
    Louis Charrier âgé de 17 ans
    Rose Bénéteau, âgée de 14 ans
    Jeanne Durand âgée de 13 ans
    Marie Levesque âgée de 15 ans
    Marie Parion âgée de 17 ans. »

    Note du curé Dufresne écrite dans la marge le 2 juillet 1776 :

    «Nota que j’ay esté obligé de me servir de main d’autruy pour les présents actes étant tombé paralitique. »

    Sépulture en 1777 de Jean Durand, âgé de 104 ans !

    Annotations faites par le curé Dufresne à la fin du registre paroissial de 1778 :

    - L’an 1769 et 1770. Le froment valait 6 livres le boisseau mesure de Sainte-Hermine. Le seigle 3 livres 10. Le baillarge 5 livres. L’orge 4 livres 10. L’avoine 2 livres 5.

    - L’an 1770 il y a eu de grandes discussions entre l’ordre ecclésiastique et l’état de la noblesse au sujet des dîmes que sa majesté Louis XV avait accordées aux curés de ce diocèse.

    - L’an 1770 le 25 novembre la rivière du Lay fut si grande qu’elle emporta les moulins à eau du Berg, de Poïlfeu, la Place, la Rochette, de Trizay, Esnard, la limouzinière, Lanté, Piaux. L’eau commença à augmenter le dimanche au soir et les moulins furent emportés le lundi à 3 et 4 heures après midi. La rivière monta jusqu’à la barrière du pré de la Grande Métairie de Puymaufrais. Personne ne périt dans la paroisse de Saint-Vincent, de la Réorthe, de Puymaufrais, de la Vineuse, du Simon, de Sainte-Pexine. Dufresne, curé de Puymaufrais.

    - L’an 1779 pendant les mois de juillet, août, septembre et octobre, il a régné dans cette paroisse et dans les environs une dysenterie qui a fait périr beaucoup de monde. Dufresne, curé de Puymaufrais.

    - Le 10 avril 1779 la chasuble d’indienne en galons d’argent a été donnée par messire Charles Guenif Dufresne, prieur de Puymaufrais

    - Le 20 juillet 1771 la chasuble d’étoffe de soie en galons d’or a été [donnée] par Mr de la Ricotière écuyer gendarme de la garde du roi.

    - Le 23 juillet 1777 la chappe a été faite.

    - L’an 1778 le trois juillet Monseigneur de Mercy évêque et baron de Luçon a fait ici sa visite. Il y a donné la confirmation. »

    Annotation faite par le curé Dufresne à la fin du registre paroissial de 1779 :

    Il fut fait 21 enterrements dans cette paroisse. Douze grands corps, neuf enfants, tous morts de la dysenterie qui a régné dans tout le pays cette année. La dysenterie a régné cette année dans cette paroisse. »

    [Dans le tableau précédent 18 enterrements ont été comptabilisés en 1779. Le curé en compte 21 car 3 personnes extérieures à la paroisse y ont été inhumées.]

    Vincent Pérocheau

    Sources utilisées pour cet article :
    -Registres paroissiaux de Bournezeau (Mairie de Bournezeau et archives départementales de Vendée).
    -J.L. Sarrazin, La Vendée des origines à nos jours, 1982.